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Channel: Architectures de Cartes Postales 2
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Louis Simon l'architecte, la galerie, la gare

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Louis Simon est l'un des grands architectes de Royan.
Il a participé à l'une des pièces majeures de cette Reconstruction en étant dans l'équipe d'architectes ayant dessiné le marché.
La liste des œuvres de cet architecte visibles à Royan est grande et aujourd'hui nous nous attacherons, à la faveur d'une nouvelle carte postale, à la gare routière qui aujourd'hui porte le nom de galerie Louis Simon.
Voici :



La carte postale est une édition Tito par Berjaud qui ne porte aucune date ni nom de photographe. On y voit de très près la gare routière et le Cours de l'Europe qui débouche au fond sur la belle Poste de Ursault. Si on peut se réjouir de cette proximité de l'objet dans le cadre du photographe, étrangement on pourra dans le même temps lui reprocher cette proximité qui ne permet pas très bien de lire les particularités de cette petite mais géniale construction.
Prenons un peu de recul. Nous verrions alors que l'auvent que l'on perçoit à droite se prolonge sur une très grande longueur, s'étirant et permettant ainsi aux cars de charger leurs passagers à l'abri de la pluie et surtout, à Royan, du soleil. Cet auvent très mince, voire gracile, repose sur de très fins piliers de métal.
Nous pourrions aussi avec du recul, en traversant par exemple la rue, voir que le toit de la gare routière est bien circulaire mais également en colimaçon, un peu comme un escargot, mais colimaçon tournant vers l'intérieur et se terminant par une seule colonne qui supporte l'ensemble et se place au centre même de la construction. Cette colonne en est son seul point d'appui. Ne reste qu'à fermer l'ensemble de pans de verre et d'aluminium et d'une maçonnerie sur l'arrière. D'une incroyable transparence, d'une simplicité géniale, d'un sens aigu aussi du geste architectural, la gare routière de Louis Simon semble avoir inspiré le club nautique de Pauillac sur l'autre rive de l'estuaire, autre petit chef-d'œuvre dont l'avenir est incertain et dont tout le monde se fout même les autorités locales et surtout la DRAC...
Depuis cette carte postale, on peut voir un peu les aménagements intérieurs, le comptoir, les bancs d'attente et les guichets.
Il semble donc que le photographe ici tente surtout de placer la gare routière dans la ville, de montrer sa liaison avec la rue bien plus que son architecture. C'est, j'oserai dire, une carte postale de service, permettant sans doute, de montrer à la famille le lieu du transport, la liaison avec la gare des trains juste derrière. Il s'agit de voir les étapes du trajet. Les cartes postales de gares routières sont fréquentes et servent souvent ainsi à l'ami venant d'ailleurs de reconnaître une partie du parcours.
Ici, c'est aussi la modernité des équipements qui est montrée dans une ville qui a, tout de même, une quantité incroyable de lieux photogéniques allant des joies de la plage aux monuments comme Notre-Dame de Royan ou le marché justement. Choisir de faire une carte postale de la gare routière c'est bien une position sur l'événement urbain, sa renaissance et le signe aussi d'un usage typique de ce type d'image dans une époque heureuse de sa vitalité moderniste.
Je vous donne à voir des images de cette galerie Louis Simon dans laquelle le Comité de Vigilance Brutaliste a eu la chance d'exposer. Nous étions, Thomas Dussaix et moi-même, très heureux de cette proximité avec Louis Simon. C'est là, la plus belle galerie de Royan.




La promesse de Bruxelles

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Comme promis, la famille Lestrade partit à Bruxelles voir la belle exposition internationale.
Comme promis, Momo et Gilles n'ayant pas encore tous les deux 10 ans, vomirent à l'arrière de la Ds toute neuve pendant le trajet.
Comme promis, on perdit Momo pendant une demi-heure sur la route, il avait vu dans un champ des chevaux et ne sut pas retrouver son chemin lors d'un arrêt pipi.
Comme promis, les deux garçonnets voulaient surtout monter dans l'Atomium pour jouer dans les boules et ils voulaient aussi faire des tours de téléphérique.
On fit des tours de téléphérique.
Comme promis, Jean-Michel essaya de montrer à son fils et à son futur frère adoptif comment le Pavillon français était construit, comment il avait travaillé avec Gillet, comment il avait résolu certaines difficultés techniques.
Comme promis les garçons préféraient refaire un tour de téléphérique.
Comme promis, on refit un tour de téléphérique.
Comme promis, Jocelyne voulait bien manger des spécialités belges et décida Jean-Michel récalcitrant à les manger dans le restaurant situé dans l'un des atomes de l'Atomium. Elle acheta une carte postale comme souvenir de ce moment.



















Comme promis, Jean-Michel commanda un bon Bourgogne et les enfants s'empiffrèrent de frites qu'ils vomirent à l'arrière de la Ds au retour, de nuit.
Comme promis Gilles déchira son short tout neuf en descendant trop vite du téléphérique.
Comme promis, on voulait tous voir le Spoutnik, on vit tous le Spoutnik qui effraya un peu Yasmina.
Comme promis Yasmina et Jocelyne s'extasièrent devant le superbe imprimé d'une robe exposée dans le Pavillon français et se promirent toutes deux de se trouver le même pour se faire une jupe au retour à la maison.
Comme promis Momo reçut deux mois après la visite de l'Exposition une même boule en verre servant de presse-papiers identique à celles de Colette montrées à Bruxelles.
Comme promis Gilles admira le planeur Bréguet et voulut à cet instant devenir pilote de ligne.
Comme promis devant l'enseigne à la Saucisse Joyeuse du quartier flamand reconstitué les deux garçons explosèrent de rire et Jean-Michel aussi ce qui fit dire à Jocelyne : "Oh non, vraiment, vous êtes insortables tous les trois !"
Comme promis mais sans rien en laisser transparaître, Jean-Michel laissa ses yeux longuement se poser sur les courbes superbes de la sculpture de Maillol.
Comme promis c'est pourtant dans le Pavillon Philips que Jean-Michel resta le plus longtemps écoutant, arpentant, regardant l'œuvre de Le Corbusier et Xénakis avec une profonde admiration pour les ingénieurs ayant pu fabriquer cette forme et le poème électronique.
Comme promis, comme souvenir, quelques semaines plus tard, Yasmina acheta le numéro spécial de Paris-Match. Quelle ne fut pas sa surprise, là, page 69 de reconnaître Gilles, Jocelyne de dos et au loin Momo descendant tous trois l'escalier de l'Atomium.



Comme promis, elle courut vers la maison pour montrer cela à toute la famille.
"Pas de doute, déclara Jean-Michel, On te reconnaît bien Gilles et toi aussi Jocelyne. Merci Yasmina pour cette surprise ! "
Comme promis, on fit encadrer la page du Paris-Match, elle est toujours dans l'agence, un peu jaunie par les centaines de regards posés par Jean-Michel chaque fois qu'il entrait dans son bureau.
Comme promis, bien des années après, Alvar chercha en vain un exemplaire identique de ce numéro de Paris-Match. Gilles lui en offrit enfin un exemplaire qu'il trouva en 1998, en parfait état, dans un Emmaüs.
Bruxelles avait tenu ses promesses : joie, avenir, atome.

Par ordre d'apparition :
Atomium, le restaurant, carte postale des éditions Beatic, Bruxelles.
Numéro spécial de Paris-Match, daté de mai-octobre 1958, photographies de Jacques de Potier et Henri Cartier-Bresson (oui !) . Merci Christophe.





















































Elle aime le plastique, Elle en parle

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Alors que le chantier de restauration de la bulle six coques se poursuit à Piacé-le-Radieux, il arrive ici des documents intéressants pour montrer la diffusion de cette architecture et de ses consœurs.
D'abord, puisque c'est tout de même l'objet de ce blog, regardons une nouvelle carte postale du centre de vacances de Gripp. Ils semble finalement que la richesse éditoriale de ce centre soit assez grande puisque nous avons déjà vu quatre cartes postales différentes, celle-ci étant bien la cinquième !




















Un peu en surplomb, alors que la neige fait une timide disparition (oui...) le soleil frappe fort sur les bulles vertes et blanches. J'en compte huit sur ce cliché que nous devons au photographe J. Delaroche. Ce dernier réussit à nous montrer le centre de vacances, le village de Gripp et le paysage. Vu son surplomb on pourrait presque imaginer qu'il prend son cliché depuis le palier d'entrée de l'une des bulles du centre de vacances.
Les bulles six coques blanches semblent en bien meilleur état que les vertes car on devine une teinte un peu déjà passée sur ces dernières comme si le soleil en avait cuit un rien la couleur. On ne voit personne et toutes les baies sont tournées vers la vallée offrant aux vacanciers de belles vues sur la montagne. On pourrait dire que c'est un point de vue plus tourné vers le paysage, servant à situer le village de bulles bien plus qu'à nous les montrer, comme si le photographe voulait offrir l'opportunité aux vacanciers de donner à voir à leurs correspondants une idée du lieu bien plus que de l'architecture. Pourquoi aussi ce choix de la neige ? Une occasion ? Un hasard ? Difficile de le définir.



Je vous donne également le verso car il est attendrissant et il est signé par David avec en plus un petit dessin. J'avoue m'y reconnaître pleinement...
En tout cas, c'est un joli document que cette carte postale nous montrant la réalité de cette expérience de Gripp.
Mais voilà l'autre surprise du jour.



Je reçois ce matin un exemplaire du magazine Elle daté de 1973 dont la couverture colorée dit déjà son époque. On s'amuse de l'accroche sur la couverture comportant un drôle de jeu de mots un rien osé pour évoquer l'article qui nous intéresse : " Bien moulées : les maisons en plastique (sic !)"
On trouve donc un article assez complet sur les maisons en plastique et sur leur avenir et leur conception. L'article porte aussi un drôle de titre : "pour ou contre les maisons faites au moule ?"
Là aussi le jeu de mot est assez particulier jouant sans doute avec l'idée du moule... à pâtisserie...
Le reportage est de Nicole Le Caisne et la décoration est de Jacqueline Chaumont. On y trouve une très belle page sur l'hexacube Georges Candilis, une vraie visite intérieure. On remarque que Anja Blomsted n'est pas oubliée comme co-créatrice de l'hexacube et que la décoratrice de Elle fait un beau travail avec essentiellement des objets de design venant de Prisunic.
On note aussi que l'hexacube n'est pas nommé comme tel mais prend le nom de module. C'est d'ailleurs le seul modèle présenté de la sorte dans le magazine car ensuite c'est par une double page faite de dessins de Éric Boman que nous pouvons voir nos chères micro et mobiles architectures !
Regardez !







On reconnait là les hexacubes mais aussi les paravents vus ici et qui sont bien l'œuvre de Georges Candilis et Anja Blomsted.

































Comment ne pas jubiler de voir notre bulle six coques ainsi voisine du Tetrodon, de l'Algeco 2002, d'une maisonnette de Pascal Haüsermann ou d'une autre de Paul Maymont....
Je vous les donne à voir chacune avec leur description qui semble parfois imprécise. On s'interrogera sur le choix éditorial de ne pas montrer les maisons en photographie mais en dessin bien moins précis et clair pour exprimer les échelles et les détails. On remarque par exemple comment le dessinateur ferme les baies de toutes ses maisons pourtant transparentes par un aplat noir certes très graphique et beau mais peu éclairant si j'ose dire. C'est certainement qu'il était difficile de faire un reportage photographique de cet ensemble de maisons en plastiques, celles-ci étant dispersées sur le territoire. On suppose que le dessinateur a travaillé d'après des documents, égalisant ainsi leurs disparités. Reste une très belle et joyeuse double page qui nous réjouit pleinement et qui dit aussi les doutes et les envies de ce type de construction, la question, par exemple, du vieillissement et de la sécurité étant abordée dans le texte avant même celui de la mobilité ou du sens architectural de ces modèles. On notera que l'article ose même affirmer "qu'aucun outil de levage n'est nécessaire..." Il faut croire que la journaliste n'a pas eu à porter par exemple les coques de la bulle !
Je cherche en vain dans ce numéro une publicité pour l'une ou l'autre de ces réalisations. À croire que l'article dans une revue comme Elle suffisait à faire la publicité nécessaire. Cela m'étonne tout de même qu'aucune des sociétés n'ait profité de cet article pour enfoncer le clou avec une belle page publicitaire...
Il faut dire que la diffusion n'était pas vraiment encore assurée pour certaines d'entre elles à part la bulle six coques, le Tetrodon et l'Ageco 2002 . Nous sommes déjà en 1973 et bientôt l'histoire mettra fin à l'épopée des maisons en plastique...




















Toile de tente et théâtre à la Palmyre

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On a déjà évoqué le très beau (et maintenant abimé) centre de vacances " les pins de Cordouan" du Groupe Mornay à la Palmyre (à coté de Royan)  pour son architecture et surtout pour le très beau (et maintenant détruit...) jeu du Group-Ludic qui avait réalisé là le sous-marin.
Rappelez-vous ici ou ici ou encore là.
Aujourd'hui nous allons nous attacher à un autre très beau morceau d'architecture édifié dans l'enclos de ce centre de vacances "les pins de Cordouan", morceau lui aussi disparu...Oui, on est en France.
Rappelons que le centre de vacances et ce théâtre de verdure exceptionnel étaient les oeuvres des architectes de Champris et Villeminot.



 Pour commencer, un peu au loin, le restaurant photographié depuis la mer par le photographe des éditions Artaud. On notera que Monsieur Villeminot, architecte est bien nommé pour cette carte postale expédiée bien tardivement en 1984 !
On ne fait d'ici que deviner le beau bâtiment et lire les plaisirs de la plage.
Mais revenons au sujet de ce jour :




Toujours chez Artaud, voici donc notre théâtre du village de vacances "les pins de Cordouan".
On y voit une superbe construction symétrique faite de voiles tendues, ouverte très largement sur le devant dont l'échelle reste un peu mystèrieuse. On lit depuis ce point de vue assez mal les parties dures de cette construction, l'image donnant surtout à voir les belles courbes blanches de ce théâtre tout à fait dans l'esprit un peu libertaire des avant-gardes de l'époque.



Ici, l'architecture propose une vision décomplexé du théâtre, accessible dans son image au moins, avec un objet léger, reconnu, ouvert et donnant l'impression d'un nomadisme. Plus proche de la grande toile de bédouin que de celle du cirque et bien éloigné du théâtre en dur, ce dernier devait permettre aux vacanciers de suivre ici une programmation de spectacle sans être impressionnés a priori par le mot même de théâtre. Comme il devait être agréable, les cheveux encore mouillés du bain, les sandalettes en caoutchouc au pied parce que les aiguilles de pins ça pique, de venir là voir et écouter les artistes !
Qui en a des souvenirs , qui s'est produit là dans ce théâtre ?
On reconnait aussi dans cet objet architectural les préoccupations techniques autour des structures légères, des voiles que développèrent entre autres Emmerich ou Frei Otto.




Je vous en donne une autre carte postale toujours prise depuis le plan d'eau, on devine un peu mieux la structure interne. La carte postale est toujours une édition Artaud pour As, et cette fois messieurs de Champris et Villeminot sont nommés tous les deux comme architectes.
L'originalité de ce théâtre était telle que Dominique Amouroux dans son guide d'architecture contemporaine a même réalisé une note que voici. On notera une hésitation sur l'orthographe de l'un des deux architectes : est-ce de Champris, de Champrit ou de Champy ?....





















Je trouve dans techniques et Architecture une page complète sur cette réalisation, je la partage avec vous. Cette page participe à un article sur la société  Saint Frère S.A et sur les possibilités de la toile tendue et enduite. D'autres réalisations ont-elles vu le jour ? Quand le théâtre de verdure de la Palmyre a-t-il disparu et pourquoi (incendie de forêt) ?










Flaine Fillod contre Breuer

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Nous avons aimé ce type de construction que sont les baraquements Fillod il y a peu.
Nous allons voir comment ce type peut dans un paysage faire architecture :



Nous sommes à Flaine, au refuge des Gérats sur le flan de la montagne ici très rocailleuse. On y voit donc une succession incroyable de bâtiments de Fernand Fillod posés tous dans le même sens, s'opposant à la pente et offrant des couleurs différentes. Puis, un peu en retrait, une autre construction du même constructeur mais d'une volumétrie plus imposante encore est posée sur un socle qui semble de béton.
Il faut le dire de suite, je trouve cette installation superbe !
J'aime la très grande longueur des Fillod qui s'étirent sur la pente, comment ils sont concentrés en emmarchement, comment leurs couleurs s'opposent avec vigueur au paysage. Ne me demandez pas quel rôle ils devaient jouer, à qui ils étaient adressés, le nom de refuge me semble un rien usurpé pour l'usage habituel de ce mot. Mais...je ne sais pas... Est-ce un lieu d'hébergement pour les ouvriers du chantier de Flaine ?



On remarque qu'ils sont tous posés sur une estrade de béton qui parfois élève la construction au point que la porte de sortie de secours est trop haute pour l'emprunter l'été, l'hiver, la neige doit offrir une marche acceptable. Les couleurs ont sûrement aussi un rôle de reconnaissance et peut-être d'attribution en affichant ainsi les spécificités de ce qu'elles désignent ou permettent simplement de se repérer.
"untel est dans le rouge, toi, tu dors dans le gris."
On imagine peut-être à tort que l'été ils devaient devenir des fours et l'hiver...des frigos ! Comment étaient-ils aménagés pour soutenir les amplitudes thermiques de la montagne ?
Mais que cet ensemble est beau, offrant une solidité, une fermeté et une radicalité sans fard face au paysage. Comment ne pas être sensible à la lecture de leur état éphémère qui ajoute encore, face à leur nombre et à leur taille, un contraste saisissant ? Il y a là un atterrissage implacable comme une station spatiale montée rapidement sur la surface lunaire ou martienne. J'imagine aussi le balais des camions apportant les éléments métalliques, le montage rapide, le surgissement soudain d'un village de tôle sur les flans libres de la montagne. J'imagine aussi, comment chacun, dans ces espaces égaux, devait personnaliser son lieux, son "baraquement" et que certains devaient préférer être dans celui au bord de la route ou d'autres, au contraire, préférés être tout en haut, ouvrant la fenêtre sur la prairie. Et comment la neige généreuse ne devait laisser déborder de sa blancheur que la couleur en traits francs des bâtiments.
Tout cela, je crois, a disparu.
La carte postale nous permet donc de tenir dans le paysage le surgissement d'une petite communauté abritée dans un village de tôle. Marcel Breuer l'a-t-il lui aussi aimé et utilisé ?
Remercions les éditions Cellard d'y avoir vu un moment architectural nécessaire à diffuser, à préserver.




un peu court non ?

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Alors que nous aimons nous réjouir de cartes postales montrant fièrement et de plein cadre une belle architecture, ici, sur ce blog, nous nous réjouissons également des cartes postales multi-vues qui agissent comme des petits guides touristiques des éléments essentiels d'un lieu.
Ainsi, un éditeur invente le répertoire des choses importantes à voir et un correspondant peut en une seule carte postale montrer la richesse de son lieu de villégiature.
Ne boudons pas ce plaisir et regardons cet exemple :



Le camping de Cournon d'Auvergne est certes l'objet de la carte postale qui s'adresse ici sans détour à ses usagers. On y voit une grande image aérienne du site puis une vue de l'activité voile sur le petit lac. Mais nous, nous y retrouvons avec surprise et joie deux icônes de ce blog : la piscine Tournesol et le chalet Nova de Rochel !
Quelle surprise de les voir en un même lieu !







Malheureusement, il n'est plus temps d'aller louer un chalet Nova pour passer vos journées à la piscine Tournesol... Les chalets ont disparus ! Mais la piscine Tournesol, elle, est toujours debout si j'en crois Google Earth.
Que sont devenus tous ces chalets ? Dispersés ? Revendus ? Pliés et découpés chez le ferrailleur du coin ? Leur grand nombre prouve tout de même une bonne diffusion commercial pour l'éditeur Rochel qui a du être bien content d'en vendre ainsi une série !
Il doit bien y avoir en France encore quelques uns de ces chalets dans des bases de loisirs ou des camping. Et si nous en commencions l'inventaire ?
Menez l'enquête ! Ouvrons nos yeux...
Pour finir ce court post, je vous propose un petit tour autour de la piscine Tournesol de Cournon qui, espérons-le sera préservée et non détruite ou remodelée comme c'est la mode aujourd'hui.
La carte postale est une édition du Gabier pour Artaud sans date ni nom d'architecte ou de photographe.






le jour, la nuit sur le neuf

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Pourquoi ne pas y croire à notre tour ?
Comment devant la perfection de la maquette, son oubli des détails, la mise en place parfaite des volumes, la joie des alignements et le clignement des blancs et des noirs, ne pas croire en la justesse promise par cette maquette ?
Tout ici est calme, propre, bien tenu. Tout ici offre espace, liaisons, échelle acceptable. On rêve même devant les façades contrastées des barres à une modernité franche.
Pourtant, il suffit d'aller voir pour déchanter un peu. Surtout, si on va voir aujourd'hui.
Nous sommes à Saint-Dizier dans le quartier nommé le neuf comme pour bien affirmer là, la différence entre la ville ancienne et historique et l'événement de la construction de ce quartier.
Comme partout, il semble que l'histoire récente de ce quartier soit celui de beaucoup d'autres en France. Un quartier neuf, affiché même comme moderne dont on nous dit qu'il est l'héritage de la Chartes d'Athènes et de le Corbusier. Un quartier aimé, désiré sans doute par les nouveaux habitants au début de sa construction puis viennent la crise, le désaveu politique et social, l'incapacité à entendre l'évolution qui sourde et la catastrophe prévisible (car si accepté comme généralisé) pour prendre enfin, le nom de quartier sensible ou de zone difficile. Sensible ? Comme s'il ne l'était pas avant. Comme si au moins avec cette nomination, on avait tout de même une identité.
Rien, bien évidemment dans cette carte postale dont on doit le cliché à Dirler, rien ne peut raconter cette histoire qui viendra. Non, tout ici encore veut croire au parc arboré entre les barres, à leur proximité décidé pour laisser l'air, le soleil entrer dans les logements. Tout ici dans le vide de personne, dans ce quartier dont émergent à peine une dizaine de minuscules automobiles ne pourra raconter les parkings pleins au milieu d'une végétation abandonnée et non qualifiée qui deviennent le seul paysage, la seule aire de jeu. Et les petits arbres de lichen collés au joyeux hasard d'un maquettiste ne peuvent raconter la paupérisation à venir d'un quartier.
À qui la faute ?
Aux architectes ? Aux équipes municipales n'ayant pas su prendre en compte ce nouveau quartier dans le tissus urbain de la ville ? Aux offices d'H.L.M n'ayant pu là que subir une évolution des familles et de leurs désirs sans comprendre qu'il fallait être une force de changement ? Aux habitants eux-même laissant sans réaction, sans combat, se laisser parquer dans une histoire ? Qui sait ?
Pas moi.
Mais la sidération évidente d'une telle image, son poids narratif allant du jeu de construction à l'espoir d'un projet, tout cela demeure.
Et la projection que nous y faisons n'a rien à voir avec celle de son époque. Ne faisons pas semblant de ne pas le voir et même aimons cet écart, car, voyez-vous, cela de toute façon ne changera rien ni pour nous extérieurs à l'image, ni pour ceux qui partagent aujourd'hui cet espace.
La carte postale nomme ainsi son image : L'ensemble paroissial Ste Thérèse du Vert-Bois parmis les buildings.
On passera rapidement sur la faute sur parmiécrit avec un S et on écoutera bien davantage le mot building qui vient de loin, d'une autre langue, qui raconte la modernité, une forme de gigantisme superbe. L'éditeur ne dit pas immeubles, barres, tours ou nouveau quartier. Non, il dit buildings car cela doit reclasser l'ensemble, faire rêver à une montée d'échelle sociale. Qui, aujourd'hui, dans ce quartier dira qu'il habite un building ? Personne, je crois.
Ici, on aimera surtout au milieu du plan masse, voir surgir l'ensemble paroissial avec sa belle voûte parabolique qui nous raconte une familiarité avec ce genre et ce dessin. Un ensemble paroissial cela proposait sans doute des activités pour les jeunes, des salles de réunions ou des fêtes, des rendez-vous, et un œcuménisme joyeux d'une époque ouverte. Au cœur de l'îlot, dans une hauteur plus basse que seuls le campanile et la voûte débordent pour faire un geste architectural, on devine une architecture de liaisons offrant aussi des patios intérieurs comme protégés du monde, image d'un cloitre moderne : pouvoir ici laisser l'extérieur.
Regardons cette autre carte postale du même éditeur :



Comme pour les maquettes de Royan, le ciel est un aplat noir caviardant le paysage. On compare les deux cartes postales et on devine qu'il s'agit bien là d'une autre maquette, plus précise, plus lisible donnant mieux à voir l'ensemble paroissial.
Là aussi la vie semble facile, les petites figurines approchent, se retrouvent, accèdent au lieu dans un silence trop éclairé par les spots de la photographie de studio : soleil égal.
Pas d'automobile, pas de piéton traversant les pelouses, de chemin fabriqué à grand coup de raccourci.
J'essaie de savoir si cette grande courbe est elle aussi en fusées céramiques comme celle de Grand-Quevilly détruite par la bêtise ou celle de Serqueux encore debout. On reconnait cette forme comme commune à son époque comme si ce dernier sursaut de l'arc en plein cintre finissait là dans Vatican 2.
Mais voici qu'arrive une carte postale jumelle :



Vous remarquerez que le jour s'est levé, que la nuit a disparu au profit d'un ciel nuageux mais tout aussi mystérieux. C'est bien la même maquette et le même cliché mais ici, le trucage photographique est différent. Pourquoi cette soudaine multiplicité des fonds ? On notera que l'éditeur précise à l'acheteur, entre parenthèse, qu'il s'agit de la maquette...Comme si un doute persistait.
Au dos, pourtant, cette seconde carte postale nous donne une information que la première ne nous donne pas : celui de l'architecte. Ici c'est André Croizé qui est nommé.
Si vous allez à Saint-Dizier ne manquez pas le très bel ensemble les toits rouges de Iwona Buczkowa.


























écran total

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.....Gilles avait repris le travail. Il devait faire un reportage sur le théâtre de Düsseldorf pour un magazine français désireux de publier un article sur ce nouveau lieux.
Gilles connaissait bien Düsseldorf à cause des compétitions de Hans qui venait souvent y faire des matchs ou des entrainements. Cette fois, pourtant, il était venu seul, laissant Hans à Stuttgart dans les travaux de leur petit appartement.
La nuit tombait déjà. Gilles avait réussi dans un temps court à saisir la construction dans son cadre jouant avec ses courbes, ses contrastes, sa grande beauté. Il faisait toujours tirer en triple ses tirages-papiers par son laboratoire professionnel. Un exemplaire pour le client, un exemplaire pour ses archives et un exemplaire pour Jean-Michel qui raffolait de voir ainsi arriver des enveloppes de papiers kraft bien dodues, remplies d'images d'architecture.
Gilles était très scrupuleux, notait au dos le nom des architectes, le jour et même l'heure pour se souvenir des ombres disait-il et bien évidemment le lieux. Il notait aussi les précisions techniques d'ouverture et de temps de pose et l'objectif utilisé.
Il aimait sa place de photographe. C'était une place privilégiée car il pouvait visiter de fond en comble la construction et cela, souvent dans une belle solitude ayant l'impression que l'architecture était tout à lui. Il déambulait, cherchait les points de vues, pensait comment les architectes avaient pu penser à cela ou oublier autre chose. Il faisait souvent une première promenade sans rien enregistrer, sans rien photographier. Juste pour sentir un peu et essayer de comprendre mieux les passages lumineux, la respiration de la fréquentation du lieu, son déploiement silencieux. Il était resté ainsi assis pendant une demi-heure dans le foyer principal admirant la colonne centrale de ce théâtre. Il sentait réellement au dessus de lui la masse que soutenait cet appui, il en éprouvait presque la force et dans un réflexe un peu stupide, courba le dos comme pour participer à l'effort.
Une femme s'approcha, lui demanda s'il avait besoin de quelque chose, s'il était perdu. Il lui répondit que non, il montra son appareil photo à ses pieds et ils rirent tous les deux de cette méprise. Il la regarda partir droit devant elle en tapotant au passage chacun des coussins de la longue banquette comme pour s'assurer qu'ils étaient à leur place. Cela fit sourire Gilles qui saisit son appareil et la figea ainsi sur une image. Il n'avait que 21 ans. Il y avait à peine trois mois, il était encore à Carpiagne au service militaire. Il décida qu'il était tant maintenant et, dans une sorte de course ultime, il prit presque en rafale la succession de ses clichés sans plus rien ne penser d'autre que technique, cadrage, lumière. Il sortit sans dire rien à personne. Il se mit au centre exacte de la place d'où rayonnaient sur le sol des lignes comme un soleil. Il fit les clichés extérieurs. Il était satisfait.




En quittant les lieux, il trouva des cartes postales. L'une montrait le fameux Thyssen-Hochhaus dans l'exact lumière dans laquelle il était en ce moment comme si, un instantané venait d'être pris. Un ciel bleu de nuit, des éclats solaires de lampadaires trop exposés, de l'or sur la façade comme un écran total. Gilles pensa que cette carte plaira à Hans.




Il en trouva une autre ou l'on voyait cote à cote, formant un couple parfaitement assorti, le théâtre et le même Thyssen-Hochhaus cette fois visible sur sa tranche. Il sourit en pensant que, peut-être, Hans y verrait l'image de leur couple. Un géant débonnaire protégeant un nain s'étalant sans vergogne ! Deux constructions modernes sur la même carte postale, deux constructions aussi différentes voilà qui réjouira Jean-Michel se dit Gilles.
Il était temps de rentrer à l'hôtel, d'écrire les cartes, d'appeler Hans, de dormir.
Il rangea soigneusement ses films, il nettoya presque de manière compulsive ses objectifs photographiques, il vérifia ses horaires sur son ticket de train pour demain. Allongé tout habillé sur le lit un peu mou, il vit soudain à l'intérieur de ses paupières l'image fugace de Hans tenant Alvar dans ses bras.......


Par odre d'apparitions :
carte postale de Düsseldorf Thyssen-Hochhhaus, éditions Foto-Verlag Hans Georgi.
carte postale de Düsseldorf, Impression aus des Bundesrepublik Deutchland.
Les architectes du Thyssen-Hochhaus sont Hentrich, Petschnigg et Partner. 1957-1960.

extrait de la revue Techniques et Architecture, février 1971, photographies de Manfred Hanish.
Le théâtre de Düsseldorf est de l'architecte Bernhard M. Pfau.















































le plus petit court métrage du Monde

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La cate postale nous réserve toujours des surprises.
L'acte photographique qu'elle sous-entend est depuis quelques temps sur ce blog un peu mieux décrypté, compris et surtout valorisé. Du moins, on essaie.
Parce que le cliché de l'objet carte postale vole en éclat plus on apprend à le regarder, parce que ce genre a aussi une histoire méritante, parce que les influences que la carte postale diffusent sont reprises à l'envie par d'autres modes photographiques, tout cela permet de faire de la carte postale un objet bien plus singulier et à part qu'on ne l'imagine dans l'histoire de la photographie.
Mêlant une forme d'instantanéité et une forme objective, elle est un regard bien plus complexe que la doxa ne veut bien le comprendre. Le cliché, voyez-vous est aussi du coté de l'analyse rapide de certains regards par trop...endoctrinés.
Alors voilà un exemple qui va nous permettre de mieux saisir les modes de prises de vue, la vue elle-même, tout en étant dans une forme de surprise quand à la réalité même de ce que nous voyons.
Acte I



Une carte postale de Villeneuve la Garenne nous montre selon son titre son centre commercial. La photographie est signée de Belonie sans que l'on sache s'il s'agit d'une marque ou d'un nom de photographe. On penchera pour la seconde solution. La carte postale est en noir et blanc ce qui ne signifie pas que le négatif le soit puisque nous avons des exemples d'images produites et diffusées dans les deux modes. Que regarde le photographe ?
Il s'agit de montrer une certaine animation (terme typique de la carte postale) du quartier, de montrer la vie ici au pied des immeubles et sans doute son coté pratique et vivant, "tous commerces" en quelque sorte. Le photographe cadre entre les arbrisseaux, laisse au premier plan la jardinière donnant une sensation de verdure, de parc arboré dans lesquelles les constructions seraient plantées. Il s'agit là d'une vérité du cadre mais difficile de savoir s'il s'agit d'un point de vue très marqué ou d'une réalité plus large du quartier. Et d'ailleurs quel intérêt pourrait avoir le photographe à surévaluer la verdure dans cet espace ? Il est ici, un piéton voulant montrer et rendre compte d'une vitalité du lieu. C'est un point de vue raisonnable, ne jouant pas si particulièrement à une "construction" d'image du quartier. On sait que les photographes de cartes postales n'avaient pas peur des tours et des barres esseulés sur leur terrain ! Une jeune femme passe avec une fillette et une poussette.



C'est une chance que le photographe saisit : avoir là l'animation et l'échelle du lieu. On ne peut pas soupçonner ici une mise en scène. On remarque que le photographe a mis le soleil dans son dos, les ombres filent devant lui, ombres longues donc lumière du soir ou du matin. Au fond, le fameux centre commercial et les immeubles si marqués par leur époque. Rien n'est stigmatisé, rien n'est dénoncé, rien n'est critiqué. Il faut donner aux futurs acheteurs une image dans laquelle ils puissent se reconnaître mais qui reste ouverte à leur propre appropriation de cette image.
Un A au pochoir est peint sur la construction de droite, cela permet aussi une forme de reconnaissance et démontre comment on dénommait les lieux par bâtiment A, B etc...
Mais je vous entends impatients de me voir parler de ce jeune homme assis sur la petite barrière et qui est bien le ça de cette image.



Chemise d'un blanc immaculé (blanc photographique), pantalon de toile et chaussures également blanches, il regarde de manière très claire le photographe. Main dans sa bouche, main sur la hanche, il sait qu'il est photographié mais ne pose pas particulièrement pour l'image puisque sa pose est tout de même un peu étrange. Il est surpris dans son attitude de présence. C'est un adolescent
qui attend on ne sait quoi ou qui. Là également, ne projetons-pas sur ce personnage des rêves de révolte, d'ennui des grands ensembles ou je ne sais quoi de ce genre. A-t-il rendez-vous ? Tout est possible.
Acte II



Toujours Villeneuve la Garenne et toujours le même photographe Belonie !
Cette fois la photographie est en position verticale et le titre en est toujours le centre commercial ! Pourquoi ce deuxième cliché ?
Pour mettre en valeur la jardinière au premier plan qui, par sa forme apporte une évidente structure à l'image ? Peut-être...En tout cas, tous les signes nous montre que nous sommes bien dans la même séquence photographie. On retrouve les mêmes ombres, les mêmes objets jusqu'au papier froissé abandonné dans les fleurs de la dite jardinière et que le photographe n'a même pas pris le temps de nettoyer ! On retrouve les constructions et surtout le jeune homme toujours assis sur sa barrière mais ayant une autre posture, bras croisés, ne regardant plus le photographe mais la petite fille qui s'échappe de l'image à gauche.



Une chose étonnante se produit dans cette image, une chose que j'aime tout particulièrement et qui commence aussi à devenir un objet d'étude. La voyez-vous ?



Oui ! C'est l'ombre du photographe lui-même dont on devine en bas à droite l'attitude, tenant son appareil photographique. Quel surgissement ! Monsieur Belonie est dans son image, il fait un autoportrait de hasard. De hasard ? Et bien, en tout cas, on peut se demander si la succession de ces deux images n'est pas justement produite par ce surgissement. Le photographe sait qu'il a le soleil dans le dos, il sait que son ombre file devant lui. A-t-il compris au moment de son déclenchement que son ombre serait dans l'image ? A-t-il alors décidé de refaire ce cliché en s'approchant d'avantage de la jardinière pour éteindre cette ombre dans celle-ci ? Je le crois. Mais pourquoi si cela fut analysé comme un défaut de cadrage lors de la prise de vue, décider tout de même de l'édition des deux clichés ? La différence entre les deux étant vous l'avouerez peu décisive pour l'achat. Comment le photographe a jugé le soudain surgissement de sa personne dans ce cliché ? je crois qu'il a pensé à juste titre que la lecture aussi attentive de son image n'est pas l'usage habituel de la carte postale. Peu de lecteurs de cette image, sur le tourniquet, au moment impulsif du choix ont du percevoir cette ombre et quand bien même, est-elle vraiment gênante pour une correspondance ? Mais ce minuscule espace-temps, ce moment de vie dans un ensembe de constructions de ce type, la présence des protagonistes à la fois effet de choix et de hasard, constituent bien là n document sur le mode de présence des photographes de cartes postales. On attend le moment opportun qui correspont à une présence effective mais pas trop forte pour ne pas trop marquer le moment, on prend le temps d'un recadrage et on n'a aucune gène à immortaliser un jeune homme qui attend et celui-ci à son tour semble indifférent à cela. On choisit un cadre alliant vie normal et vie désirée, montrant une tranquilité réelle du lieu. On fabrique certes le cliché mais on le fabrique dans l'instantanéité de son temps et non dans ne mise en scène qui porterait tel ou tel message.
Acte III





Je pense à toi. Tu attends sur ta barrière, au pied de l'immeuble A que ton copain ou ta copine viennent te chercher. Tu as mis ta chemise propre et tu as hésité à t'asseoir sur le tube de la barrière pour ne pas salir ton pantalon tout neuf. Tu t'ennuies un peu ainsi à attendre, tu regardes les badauds, les mamans et leurs enfants qui vont dans le petit parc derrière posé entre les barres. Surgit un type avec un appareil photographique qui fait sans vergogne des photos de ce petit morceau de ville. Tu ne comprends pas bien ce qu'il fait, ce qu'il veut. Tu lui demandes. Il te répond. Tu crois en fait que tu ne seras pas sur l'image car il ne te vise pas directement mais cadre le centre commercial au fond. Tu attends encore un peu puis tu partiras après lui.
Tu seras surpris quelques semaines après de voir Sylvie ta copine, te pointer du doigt sur les deux cartes postales qu'elle aura achetées au centre commercial. Cela vous fera rire tous les deux et tu achéteras à ton tour pour des copains et de la famille lointaine ces cartes postales pour les expédier et dire que c'est bien toi, là, sur la photo. Quelques années plus tard, tu te rendras compte que cette carte postale n'est plus disponible chez le marchand de journaux. Tu seras un peu triste de ne pas en avoir achetées d'autres, en réserve.
Aujourd'hui, alors que ta famille range les affaires pour ton déménagement, un petit fils ou ta fille tombe sur cette carte postale et ne te reconnait pas de suite. Il faut que tu expliques, que tu convaincs que c'est bien toi. On s'amuse de ce hasard et puis on range la carte postale, on n'a plus le temps, il faut finir les cartons pour demain.

Sur cette questions des courts métrages des éditeurs de cartes postales, on pourra retourner ici par exemple :
http://archipostcard.blogspot.fr/2012/08/amusons-nous-au-marche-de-royan.html
http://archipostcard.blogspot.fr/2012/05/columbo-sa-femme-son-chien-royan.html
http://archipostcard.blogspot.fr/2009/12/micro-film.html

Les thiolettes sont au fond à gauche

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Il y a des architectures difficiles à saisir dans leurs principes surtout quand ces principes sont une forme de mobilité ou, du moins, de transformation.
Comment rendre compte alors de toutes les phases, de tous les aspects de cette construction ?
La carte postale multi-vues bien sûr !
Regardons :



Au moins la carte postale des éditions la Cigogne a le mérite de ne pas être mystérieuse. Sur son recto, on a la fonction (piscine) et le lieu (les Thiolettes). Le verso nous donne le reste des informations : la ville de Reims, l'architecte Roger Taillibert et le nom du photographe R. Meulle.
Nous aimons beaucoup ici Roger Taillibert et nous publions dès que possible des cartes postales de son œuvre. Vous pouvez retourner ici par exemple.
On aime sa piscine de Deauville ou son travail pour les jeux olympiques de Montréal. D'ailleurs ici, on en retrouve un principe et une idée déjà exploitée avec la couverture textile amovible selon la saison. La fascination pour les possibilités du textile était grande en cette période de la fin des années 60 et le début des années 70 grâce à de nouveaux matériaux et aussi sans doute un désir d'une architecture plus souple, plus légère voire nomade du moins dans son image. Comme si construire en dur et en lourd était soudain un rien passéiste.
Voici donc une piscine dont la couverture, un peu comme un parasol ou un parapluie s'ouvre ou se ferme et permet de faire de cette piscine un objet ludique, changeant, joyeux comme l'apparition et la disparition du cirque sur la place. Mais la toile tendue permet de voir ses belles lignes hérissées mais ne permet pas de voir les bassins... Et la toile relevée ne permet pas de comprendre la nouveauté et la modernité de cette toiture de tissu et l'événement de son repli dans le ciel...
Il faut donc faire une séquence photographique pour en saisir tous les aspects. Cela devient en une seule image un document intéressant de cette construction si particulière. Décidément la ville de Reims avait connu une modernité architecturale incroyable, aujourd'hui bien oubliée et même en grande partie détruite et saccagée. Tant pis pour elle.
On se régalera à l'infini de cette carte postale qui maintient en nous l'expérience d'une architecture audacieuse produite par un grand architecte.









Boston chooses the future

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Si l'Internationale Brutaliste devait faire une liste des monuments les plus représentatifs, il ne fait pas de doute que le City Hall de Boston serait bien placé.
Il semble en effet que ce dernier par ses formes, par sa fonction même et par sa manière de ramasser l'ensemble des types du genre soit une sorte d'icône même si on pourrait lui reprocher un béton un peu sage, un peu lisse, un peu trop tenu dans ses coffrages.
Il aurait fallu que cela suinte un rien aux limites des planches du banchage, que le gravier refasse surface, que le ferraillage fasse maintenant éclater le béton.



Mais ne soyons pas trop déçu de sa netteté et admirons la construction ici par exemple avec cette belle carte postale des éditions Plastichrome qui nous donne ce charmant petit texte au verso prouvant la parfaite intégration de la construction dans la ville "a respect to historic tradition..." mais oubliant le nom des architectes : Kallmann, McKinnell et Tully.


On reconnaît aussi beaucoup du Couvent de la Tourette par le Corbusier dans cette construction dont parfois les profils et les volumétries semblent comme provenir directement d'Eveux. La proximité avec le Carpenter Center ne doit pas y être pour rien non plus. Mais la carte postale révèle depuis son point de vue une différence essentielle : la base en brique.







Ce contraste entre les matériaux forme bien là une particularité mais désire surtout ainsi signaler ce qui est public (briques) de ce qui est réservé à l'administration (béton).
La carte postale offre aussi ici un très dur contraste avec une lumière bien peu coopérante pour lire les détails mais forgeant dans les ombres une abstraction peu commune. C'est là un choix judicieux du photographe G. Tichnor.
Dans un numéro de la revue Horizon de 1963, revue luxueuse que nous allons souvent revoir, je trouve un article complet sur le projet, l'architecture n'ayant pas encore été construite. Cela prouve le retentissement de ce projet. Je vous en donne textes (en anglais) et photos. On admirera tout particulièrement les très beaux dessins techniques qui rappellent bien avant leur réalité les dessins générés aujourd'hui par l'informatique.
Bonne lecture :












La Vierge des pauvres a trouvé son abri

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Revenons sur le projet d'église à Nancy au Haut-du-lièvre.
Nous allons voir que parfois les projets et le réel donnent bien à voir un écart certain dont la réalité finale peut même être un rien décevante.
Commençons :



Cette carte postale est bien du type de carte de souscription pour alimenter et défendre la prochaine érection de l'église de la Vierge des pauvres du Haut-du-lièvre. On y voit dans le noir profond du studio la maquette de cette église, maquette incroyable pour une architecture étonnante. L'image et l'architecture, avouez-le sont saisissantes !
On notera que l'architecte est nommée au verso : D.A. Louis.
Que proposait l'architecte ? Sur un socle dont l'entrée est enterrée devait être posée une succession de couronnes se réduisant vers le ciel pour former une coupole couronnée d'un treillis métallique pouvant faire penser à une couronne d'épines. Le cinétisme de l'ensemble provient de la répétition du module et de l'ouverture dont on imagine que la lumière devait apparaitre après la descente de l'entrée comme une révélation spatiale.



On note à gauche un petit édicule supportant la croix qui devait avoir le rôle de signal pour ne pas dire de campanile, nous ne voyons pas de cloche. La lumière sur la maquette étant particulièrement dramaturgique comme des phares de voitures venant en éclairer l'entrée, la photographie de cette maquette apporte si ce n'est un grand champ esthétique au moins la certitude d'un événement architectural, d'un geste. Le photographe n'est nommé que par ses initiales : J. V.
On attend donc à la vue de ce projet une réalisation audacieuse et originale mais :



Cette carte postale multi-vues de cette même église va nous permettre de relativiser cette audace. D'abord réjouissons-nous de retrouver notre Vierge ici abritée enfin dans son église. Puis à sa droite une image de l'intérieur de l'église et notamment de sa charpente nous permet de saisir l'écart entre la maquette et le réel !







Si la charpente en lamellé-collé est d'une grande beauté, le moins que l'on puisse dire c'est bien qu'elle s'est assagie par rapport au projet. Que s'est-il passé entre la projection du rêve et la réalité ? Difficulté technique ? Discorde esthétique ? Manque de moyen financier ? On se retrouve donc avec un plan circulaire dont s'élève une couverture reprenant l'image de la tente si chère à Vatican 2 mais ayant abandonnée le cinétisme de la première version. On retrouve un peu l'histoire de l'église Saint Jean de Grenoble. Mais ne soyons pas trop déçus et admirons tout de même le reste de cette église que nous donne à voir les autres détails. D'abord son espace circulaire extrêmement chaleureux grâce à son ciel de bois et dont la lumière court tout le long de la jointure entre son socle de béton (?) et son toit. Puis le mobilier et l'ensemble décoratif et les surprenants reliefs sculptés des murs donnent à l'ensemble une vraie modernité, une beauté un rien naïve parfois. L'éditeur Combier nomme bien l'architecte D. A. Louis, elle fut expédiée en 1967.
Pour finir cette visite du moment, voici un espace incroyable :



Nous sommes bien dans cette même église de la Vierge des Pauvres. Les éditions de l'Europe ne précise pas l'objet de cet espace particulier mais nous pourrions facilement identifier le baptistère. L'effet cryptique dont surgit une lumière circulaire rebondissant sur le bleu du point d'eau est vraiment surprenant. Comment ne pas être également surpris et séduit par les murs en très haut relief granuleux qui m'évoquent quelques temples mayas ! Il s'agit en tout cas d'une vraie expérience spatiale, d'un vrai moment architectural dont l'image sert sans doute, dans la perte de l'échelle, le mystère. Quels autres lieux que nos églises modernes et contemporaines ont ainsi pu nous offrir des espaces architecturaux aussi abstraits, déterminés, curieux ?
Si nous faisons un petit tour sur Google Earth nous retrouvons bien notre église de la Vierge des pauvres. Et comme souvent, quelque chose de ce réel objective d'une Google Car sans jugement nous serre le cœur. Pourtant, elle est là, la Vierge des pauvres, ouvertes, offertes si j'ose dire. Et dans ce lieu semi enterrée, elle offre encore sans doute son rôle premier, un espace à part, hors du monde mais aussi en son coeur. J'aimerai y faire un tour.






La meilleure série américaine : premier épisode, les cartes postales

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Dans la série How I met your mother, Ted Mosby le héros principal qui est architecte, nous raconte que l'un de ses désirs les plus chers est de marquer la skyline de New York de l'une de ses créations. Cette ambition fut réussie par une équipe internationale d'architectes pour l'un des emblèmes de la ville de New York, le siège des Nations Unies.
Lorsqu'on demande à un groupe d'architectes de travailler ensemble sur un projet, on peut souvent s'attendre à avoir le moins bon de chacun d'eux avec le désir ensuite de ses protagonistes d'obtenir la paternité de la réalisation... La médiocrité nait souvent du consensus.
Mais, voyez-vous, étonnement, ce n'est pas le cas ici, même si bien sûr, Le Corbusier fut le premier à demander un peu plus de reconnaissance. Le siège de l'ONU est une réussite aussi certainement parce qu'il permet d'un coup de faire entrer la skyline dans le style international. C'est sans doute cela qui détermina sa richesse iconique et qui poussa les éditeurs, en plus du programme, à réaliser une quantité incroyable de cartes postales et de continuer d'en produire. Avec sans doute feu le World Trade Center, New york s'est reconnu par cette construction.
J'ai plus d'une vingtaine de cartes postales de ce siège des Nations Unies dans ma collection et je suis très loin d'avoir la totalité de ce qui a été produit. Je vous propose donc ce qui sera, par la quantité des cartes, l'un des plus longs articles de ce blog !
On notera que le bâtiment fut photographié selon presque tous les angles, de l'extérieur et de l'intérieur, de jour comme de nuit. La nuit ayant d'ailleurs été pour les éditeurs une vraie alliée. On trouvera dans les revues quelques compléments à cette série américaine. On notera également que dans cette série aucun éditeur ne prend le temps de nommer les architectes !
Faisons-le maintenant :
Directeur des plans : Wallace K. Harrison
Directeur des plans adjoint : Max Abramovitz
Architectes-conseils : G-A. Soilleux (Australie), Gaston Brunfaut (Belgique), Oscar Niemeyer (Brésil),
Ernest Cormier (Canada), Ssuch'eng Liang (Chine), Le Corbusier (France), Howard Robertson (Royaume-Uni), Sven Markellus (Suède), N-D. Bassov (U.R.S.S.), Julio Vilamajo (Uruguay).
Experts-conseils particuliers : Hugh Ferris (U.S.A), Vladimir Bodianski (France), John Antoniades (Grèce), Mattew Nowiki (Pologne), Josef Havlicek (Tchécoslovaquie), Peter Noskov (U.R.S.S.), Ernest Weissmann (Yougoslavie).
Ouf ! On notera la présence de Hugh Ferris...

Si dans le plan général, on peut tout à fait admettre que les idées de Le Corbusier sont majoritaires, il ne faut pas oublier l'influence certaine d'Oscar Neimeyer dans le dessin de la salle de l'Assemblée Générale. Nous dirons que par ce brassage d'architectes qui a fait que la France a eu l'idée magnifique de proposer pour la représenter de choisir un architecte franco... suisse, (ce qui s'accorde d'ailleurs avec l'idée même de nations unies), ce bâtiment est une forme de déclaration du style international. Pour la photographie, c'est évidemment la grande façade s'élevant sur l'horizon qui fait la figure de la construction. Par son échelle et sa proportion, un parallélépipède fin à la grille régulière, ce morceau prend le potentiel d'un signe. Il apparaît moins dogmatique que les pointes ahurissantes de ses compagnes venant enfoncer des aiguilles gigantesques dans le ciel américain. Sa neutralité symbolique, presque une froideur narrative permettent bien de ne donner aucune chance à une récupération nationaliste. Cela sert parfaitement le lieu et sa fonction et sur le sol américain il est déjà à lui seul une déclaration d'unité. On le rêverait sans doute plus efficient dans sa réalité politique...
Dans l'ensemble on ne remarque rien de très particulier dans les prises de vues de la construction. On oscille entre désir de fixer l'ONU dans son paysage urbain et le saisir plus serré dans le cadre pour mieux le définir. C'est là un dilemme fréquent d'autres objets architecturaux. J'aime tout particulièrement quelques cartes postales non pas tant pour l'audace artistique de leur cadrage que pour une douce charge sympbolique. J'aime tout particulièrement celle des éditions Manhattan Post Card Pub qui cadre au premier plan le très beau drapeau américain flottant flou. Sa fragilité agitée s'oppose à la fermeté du bâti. Par ce plan, il semble bien que le photographe replace l'orgueil de la Nation américaine au cœur de la question internationale des enjeux politiques, réaffirmant là le territoire de ce combat. Ce drapeau, quoique vous en pensiez, je le remercie.



Sur cette édition, on remarque le chantier sur la droite de l'image, édition Alfred Mainzer, datée de 1963, photo de Trans World Airlines :



Prises au fil de l'eau, voici d'abord l'édition  Alfred Mainzer, photo de A. Devaney puis l'édition Manhattan Post Card Pub, datée de 1964 :




















L'une des plus belles, des plus radicales, encore une édition Alfred Mainzer :

Une édition Alfred Mainzer avec oblitération dans le ciel :



Directement éditées par le bureau de l'information au public, une série de l'intérieur des Nations Unies :










Toujours une édition Alfred Mainzer mais curieusement imprimée en Espagne !
Au dos le correspondant précise avec humour : "Architect is the more difficult job in the world."

























Maintenant, la nuit va tomber, à moins que ce ne soit le jour qui se lève sur New York !
Par ordre d'apparition : édition Alfred Mainzer expédiée en 1980, édition Manhattan Post Card pub. expédiée en 1967 photo de la Free Lance Photographers Guild, édition Nester's Map, photo de la trans World Airlines. Pour finir un éditeur inconnu, la carte fut expédiée en 1977.



Foncillon réconciliation

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Malgré une nuit difficile où les images de la journée d'hier revenaient en boucle, au matin, au petit déjeuner, Jean-Michel et Mohamed avaient fait tout deux bonne figure. Jean-Michel savait décrypter dans une politesse trop appuyée, dans des petits gestes attentifs de la part de Momo les excuses qu'il ne dirait pas. Ces deux-là fonctionnaient ainsi sur le mode du silence bavard.
Lorsque Gilles descendit à son tour pour prendre le petit déjeuner dans la salle de l'Hôtel Beau Rivage, il s'assit à côté de son frère, lui aussi, comme si de rien n'était. Il faudra maintenant toute la patience de Yasmina et de Jocelyne pour faire chauffer à nouveau, entre ce trio masculin, la complicité qui les reliait.
Momo taquina un peu Gilles, histoire de le faire rire et de briser ce silence. Gilles se laissa ainsi un rien moquer sur sa tenue, et Jean-Michel, dans une complicité soudaine avec Momo, ajouta une petite pique en levant les yeux de son journal. Gilles se laissa faire, tous et surtout lui, savaient bien qu'il s'agissait là d'une stratégie familiale et non d'une vraie attaque.
Il faisait beau.
Momo osa même exprimer une envie. Il voulait absolument aller se baigner dans la piscine de Foncillon. Il savait pourtant que Jean-Michel ne comprenait rien à ce désir de bain en piscine alors que la mer elle-même était au pied du bassin, gratuite, vivante, joyeuse.
Momo essaya d'argumenter sur la température, la propreté, les plongeoirs et la tranquillité d'un espace privilégié. C'est bien ce privilège qui exaspérait Jean-Michel.
Gilles regarda Momo dans les yeux et lui demanda pourquoi il n'évoquait pas tout de suite la seule et vraie raison du désir de Momo d'aller à cette piscine.
Momo resta bouche bée.
Jean-Michel demanda à Momo des précisions que celui-ci fit semblant de ne pas comprendre.
"Les filles." finit par dire Gilles.
"Et surtout une."Ajouta-t-il.
Jean-Michel comme soutenu par le rempart de son journal qui le cachait à moitié regarda fixement Momo qui détourna les yeux puis, comme à son habitude, Momo reprit la parole immédiatement pour prendre position, argumenter, occuper l'espace de ses mots et désavouer Gilles.
Mais la surprise vint de Jean-Michel qui lui coupa la parole.
"C'est une excellente raison. Pourquoi ne pas l'avoir dite de suite ?"
Jean-Michel savait parfaitement que Momo serait bien plus gêné en trouvant en son père un allié exigeant une parole vraie plutôt que des mensonges sous-entendus et complices.
Momo et Gilles restèrent stupéfaits.
"Je suis d'accord, vous allez à la piscine de Foncillon. Gilles tu decideras de la fin de la baignade qui ne devra pas excéder 18h30. Vous rentrez directement, vous ne quittez pas la piscine sans nous dire où vous allez. Je passerai vous voir dans l'après-midi par surprise. Momo tu fais exactement tout ce que te dit ton frère. C'est à prendre ou à laisser comme proposition."...........



.............Comme convenu, Jean-Michel laissa Yasmina et Jocelyne sous les voûtes du port pour aller jeter un coup d'œil à ses deux fils laissés à la piscine de Foncillon. Et comme à son habitude, Jean-Michel jeta d'abord un regard général sur les lieux,  admirant la belle tour de Foncillon et le Palais des Congrès. Il s'étonna aussi que depuis cette hauteur, légèrement en surplomb, on puisse voir Notre-Dame de Royan dépasser un rien de l'hôtel Beau-Rivage.







Il ne mit pas longtemps à trouver ses garçons qui occupaient symétriquement les plongeoirs. Ils avaient tous les deux des maillots de bain du même rouge vif achetés ensemble comme un signe de ralliement. Mais dans leur attitude, dans leur geste, Jean-Michel pouvait aussi reconnaître leurs différences de caractère. Gilles était seul sur le plongeoir, il regardait à sa droite son frère Momo juché sur le dos d'un autre adolescent, complice et camarade de jeu d'un après-midi comme savait en trouver Momo partout où il allait ce que ne faisait jamais Gilles dont semble-t-il la proximité avec son frère lui suffisait toujours. Gilles voulait là faire un beau plongeon, propre, bien dessiné, sportif. Momo, lui voulait faire un énorme splash, une bombe la plus bruyante et spectaculaire possible.






Jean-Michel les regarda sans intervenir assez fier de ses deux garçons. Il vit aussi que deux jeunes adolescentes étaient elles aussi au spectacle. Gilles s'élança le premier, parfaitement tendu et entra dans l'eau sans aucun frémissement de la surface. Momo et son copain tombèrent dans l'eau dans des hurlements stridents juste avant un silence puis l'énorme geyser attendu. Les trois nagèrent vers le bord et Jean-Michel décida d'aller les rejoindre. Jean-Michel comprit immédiatement à l'attitude de Momo que celui-ci avait peur que son père ne désapprouvât ce plongeon bruyant et viril.
"Tout va bien ?" demanda Jean-Michel aux deux têtes mouillées dépassant du bleu de la piscine.
"Oui, on va bientôt rentrer Papa, il est presque l'heure non ?"
"Vous avez encore une demi-heure, Gilles. Aucun retard, vous entendez. Aucun retard."
"Et si on rentrait maintenant puisque tu es là ?"
Cette proposition de Momo d'écourter ainsi la baignade était le dernier geste de réconciliation que celui-ci voulait offrir à son père. Gilles approuva, il était un peu lassé des jeux puérils de son frère dans cette piscine même s'il avait bien apprécié la compagnie de son camarade d'un après-midi.
"Parfait, je vous attends dehors."
Jean-Michel entendit alors l'une des filles, celle au maillot blanc, s'adresser à Momo.
"Oh dis donc il est pas marrant votre père, venir vous chercher comme ça !"
"Notre père il est génial et ce que t'en penses, on s'en bat l'œil." Lui rétorqua aussi sec Momo.



Corbusier's Closter and new brutalism

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Je ne vais pas faire d'histoire, du moins je ne vais pas vous faire l'histoire du couvent de la Tourette de Le Corbusier. Premièrement (et c'est le plus important) parce que je la connais mal mais surtout parce que la richesse critique est immense et que vous trouverez rapidement toutes les informations nécessaires.
Nous allons ici prendre plaisir à croiser les sources et les regards en retrouvant des cartes postales et également un article paru dans un numéro de la revue Horizon que nous avons découvert il y a peu.
Voici donc trois cartes postales du couvent de la Tourette, trois cartes en couleurs, toutes trois des éditions Combier et toutes trois datées de 1961. Aucun nom de photographe ne nous ait donné.
Commençons :



C'est bien le réfectoire que nous retrouvons ici. Cette fois il est "meublé" pour recevoir les moines et les invités. Le photographe se place au milieu de sa largeur et pointe la chaire depuis laquelle une lecture sera faite pendant le repas.



On devine déjà ici un goût certain pour une forme frustre bien entendue réglée par l'architecture même mais appuyée par un mobilier paysan, simple, franc. On pourrait à tort regretter que les amis designers Charlotte Perriand et Jean Prouvé soient restés dehors. Les meubles sont ceux des fermes alentours, des bistrots et des salles des fêtes ou des églises. Les couleurs viendront des rideaux, des pans de couleur mais surtout du paysage largement offert par les grandes baies. Il ne s'agit donc pas d'une sécheresse mais au contraire de la mise en scène d'une nature devant se fracasser dans un intérieur se laissant surprendre. La lumière et ses ombres et la vue généreuse sont les points d'appuis de la méditation de ce moment de partage. L'oeil pourra aussi se réjouir d'une solidité affirmée de la structure laissée à voir, apparente, finalement à l'égale des poutres de chênes immenses visibles dans le bâti ancien. Le génie civil appliqué au religieux.



La couleur ! La couleur !
La carte postale Combier nous propose là une traduction étrange de ce grand moment d'architecture qu'est la crypte du couvent. Lieux iconique de l'oeuvre de Le Corbusier, les canons de lumière découpent dans le plafond des auréoles de couleurs pures venant travailler contre celles des murs et du béton brut. La succession des autels ressemble à de petites tombes posées en gradin. Les genoux sur le sol, le regard obligé à l'aplat de couleur, le crâne exposé aux tirs des canons de lumière, ici le moine reçoit l'essentiel. Un éclat de lumière étrange vient irradié l'image. On va vite comprendre qui il est.



L'autre point de vue édité nous permet en effet de saisir ce qu'est cet éclat. Il s'agit de spots électriques venant apporter à leur tour une lumière qui, rasante et blanche, fait monté le grain du banchage du béton un peu comme les restaurateurs de peintures éclairent les surfaces des tableaux pour en saisir les repentirs. On pourra se poser la question de la nécessité d'un tel ajout de lumière comme si l'architecture n'en distribuait pas assez. Trois sources de lumières donc dans ce lieu : les canons de lumière, les spots et n'oublions pas les cierges qui brulent d'une lumière jaune et fragile et qui sont bien plus des images sur lesquelles appuyer les prières que des sources d'éclairage. Mais ces deux cartes postales proposent des champs colorés que l'on devine un rien retravaillés par l'éditeur. On aperçoit des saturations et même des chevauchements d'aplats qui ne sont pas naturels au lieu. Il y a eu là sans doute un peu de retouche. Qu'importe ! Quel espace ! On oscille entre une rigueur froide et cryptique et la jubilation parfaite de la couleur pure. James Turrell sait-il d'où il vient ?
Mais voici que la revue Horizon datée de mars 1961, même année donc que nos cartes postales, consacre un article très illustré sur le couvent de la Tourette. Écrit par Cranston Jones, l'article est très positif et fait un travail didactique pour faire saisir l'opportunité de cette architecture. Certains passages feront plaisir au Comité de Vigilance Brutaliste car très vite cette terminologie est utilisée sans d'ailleurs nommer sa source : Reyner Banham. Ce qui prouve bien que dès le début des années soixante, ce vocabulaire est d'usage autour de l'œuvre de Le Corbusier et même tente d'en faire l'un des natifs. Comment ne pas être d'accord avec Cranston Jones ?
On remarquera que l'iconographie de l'article provient de plusieurs sources photographiques allant de l'inévitable Lucien Hervé à Jean Marquis ou encore J. Caps, ces deux derniers photographes m'étant encore inconnus. Il semble donc que l'auteur a pioché dans une banque d'images pour faire son article. Le choix se porte sur des cadrages serrés, tendus, durs dont seules les silhouettes des moines permettent de donner vie et échelle. C'est bien les clichés de Jean Marquis qui révèlent la vie du couvent de la Tourette. La revue Horizon fait le choix d'un article entièrement en noir et blanc ce qui durcit aussi l'aspect brutaliste de l'œuvre de Le Corbusier que tente d'adoucir le texte en évoquant par exemple les couleurs manquantes ou l'intégration dans le paysage. La mise en page est solide, belle et offre parfois des photographies en pleine page associées à des détails. De nombreuses citations de le Corbusier sont utilisés pour lui permettre aussi d'expliquer le sens de son travail. Il donne même en quelque sorte la définition de ce que l'article appelle the new brutalism : " avec des matières brutes, établir les rapports émouvants." Malheureusement, Cranston Jones ne nous donne pas l'origine de cette citation...
Bonne lecture !

On pourra revoir et relire les articles sur le couvent de la Tourette en allant là.



























le chemin mécanisé

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Si on a l'habitude de lire des articles sur l'importance de l'invention de l'ascenseur pour l'architecture moderne et bien évidemment pour l'invention des tours, on note peu d'intérêt me semble-t-il pour l'escalier et le trottoir mécaniques.
Pourtant certaines des plus remarquables architectures du siècle passée on fait de ces objets le signe même de leur architecture comme le Centre Pompidou. La façade devenue célèbre par son serpent courant sur l'extérieur, projetant le visiteur comme au dehors de la construction et le faisant monter dans les étages dans une sorte d'intestin transparent n'a pas de vraie utilité architecturale autre que le spectacle même d'arpenter ainsi le ciel de Paris, car, ne l'oublions pas, on peut tout aussi bien pour monter dans les étages en prendre l'ascenseur...
En striant ainsi la façade, les architectes nous emmènent bien dans une machinerie de vision offrant une ascension tranquille, douce, assistée. Oui. Assistée. C'est là aussi une forme du cool qui dit bien que la Culture peut aussi se visiter non plus pour elle-même mais pour l'objet architectural, la promenade qui vous y mène. Enfant, je me souviens que mon souvenir le plus fort de cette première visite n'était pas tant les oeuvres que j'y avais vues mais la joie de faire ainsi la montée et la descente de la façade sur les escaliers mécaniques. Devenu une véritable signature et même son logotype dessiné sur un coin de table par le génial Jean Widmer, l'Escalator de Beaubourg est sans doute le plus célèbre du monde. On notera aussi que celui-ci mène en son point le plus haut à une sorte de vigie, de plate-forme qui est encore aujourd'hui pour les visiteurs d'un jour le point focal de la visite. Voilà bien un acte architectural des plus curieux faisant du mouvement tranquille et doux, sans effort des visiteurs, un peu comme un petit train des bains de mer, l'un de ses moments les plus importants et cela en étant vu en train de le faire. La visibilité du flux humain circulant ainsi dans un boyau argumente le populaire, le simple, l'accessibilité du lieu de la Culture. Il s'agit d'une pratique sans effort du corps comme pour le tranquilliser à l'avance à la chance de la visite de l'art. La fête foraine assagie reste une fête et j'ai mis longtemps pour ma part depuis mes très nombreuses visites à renoncer à ce moment pour toujours aimer encore et encore faire monter sous mes yeux le spectacle (oh pardon Guy...) le spectacle superbe de la ville. Je prends souvent maintenant l'ascenseur mais je reste joyeux à cette opportunité urbaine.
Et si nous avons déjà décortiqué cet objet par les cartes postales, je ne peux vous priver de celle-ci si représentative de la production autour du Centre Pompidou. Il s'agit d'une édition Yvon non datée mais qui nomme les architectes Renzo Piano et Richard Rogers.



Mais d'autres lieux ont fait du spectacle de leur circulation un moment de leur architecture. L'un des plus géniaux, des plus beaux et j'ose sans doute des plus intelligents dans l'utilisation de l'Escalator et du trottoir roulant est l'aéroport Charles de Gaulle par Paul Andreu. Au centre, à la croisée même des destinations, s'opère dans un moment architectural unique le programme d'un aéroport et un jeu avec les utilisateurs. La croisée des trottoirs roulants et des Escalators reste l'un des hauts lieux de l'architecture contemporaine. On évoque souvent pour ce lieu les croisements infinis et sombres des prisons de Piranèse mais la lumière ici bien trop puissante ne permet sans doute pas de totalement adhérer à cette image. Ce qui est troublant c'est que si l'architecture est claire, la sensation spatiale pourrait laisser ici croire à une anarchie, une incohérence des croisements des tubes. Cette asymétrie entre la réalité de l'objet et sa perception permet bien de jouir d'un moment architectural presque comique un peu comme des circulations impossibles et vaines dans un film de Tati. Là aussi, ma première utilisation de cette espace est restée gravée dans ma mémoire comme une surprise, un jeu partagé avec les autres visiteurs étant tour à tour l'un des animateurs et l'un des regardeurs. La tranquillité associée à la régularité du déplacement mécanisé fait de chacun des corps des visiteurs une sorte de personnage, de silhouette que l'on s'amuse à suivre des yeux tout en étant à son tour observé. La suspension dans le vide, la succession des tubes les uns sur les autres ajoutant une dramaturgie drolatique.







































La carte postale qui montre cela est une édition Cap-Théojac pour la superbe série Prestige. Le photographe n'est pas un inconnu puisqu'il s'agit de Marc Garranger qui réalisa pour la même série Prestige des cartes postales du Centre Pompidou ! Malheureusement, la carte n'est pas datée. Il est certain et assez logique pour un photographe de vouloir enregistrer comme un lieu faisant exception cet espace de l'aérogare tant il lui est particulier et unique. Le cadrage est fait depuis une hauteur en plongeant sur l'objet et raconte ainsi l'histoire des déplacements, des carrefours, des croisements incessants. Le photographe lui donne sa modernité et sa particularité. On s'étonnera donc qu'une si belle carte postale pour une si belle architecture ne nomme pas son architecte Paul Andreu.

À la télé, Julien Donada fait des bulles.

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Nous avons toujours ici avec plaisir soutenu et diffusé le travail de cinéaste et de vidéaste de Julien Donada. Une occasion supplémentaire nous en ait donné puisque nous pourrons voir dimanche 6 septembre sur Arte, vers midi, l'un de ses derniers films réalisé sur "la maison Unal", oeuvre de Claude Costy-Haüsermann.
Nous avions publié une carte postale panoramique de cette merveille (au sens médiéval du terme) et il est certain que l'oeil de Julien va nous apporter plein de surprises et d'analyses sur cet objet architectural si particulier de la production en autoconstruction en France. Donc...Tous à vos cassettes ce dimanche !
Julien Donada nous indique également que ce film sera visible su Arte+7. Il vous sera donc impossible de le manquer. Voici quelques images (ne pas dupliquer sans autorisation) qui vous donneront sans doute l'envie de voir cette maison si originale et de mieux en connaître son histoire. N'oubliez pas aussi d'aller voir les autres très beaux films de Julien Donada sur Pascal Haüsermann et de lire le livre d'entretien.
http://archipostcard.blogspot.fr/2010/05/bulles.html
http://archipostcard.blogspot.fr/2009/06/des-indispensables.html




Je profite de cette annonce pour vous glisser deux cartes postales encore inédites sur ce blog d'une autre réalisation, cette fois directement de Pascal Haüsermann, lieu que nous aimons tout particulièrement. Il s'agit bien sûr du Motel de l'Eau-vive à Raon-l'Étape dans lequel vous passerez un moment enchanteur :



Cette première carte postale nous montre le bâtiment principal le seul sur deux niveaux du Motel, au fond on aperçoit les pavillons appelés par l'éditeur Eurolux les Maison coquillages. Les deux cartes postales Eurolux sont des photographies de Marck.



Cette deuxième nous montre les maisons coquillages échouées au bord du petit et vif cours d'eau. Le photographe fait ici preuve d'une composition très reconnu nous donnons l'illusion d'écarter des branches pour trouver les petites constructions. C'est charmant et champêtre et, finalement assez juste !

Rettungsturm ist eine plastique Vigilance

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Comment ne pas être ravi de voir à nouveau un objet exceptionnel ?
Voici une série de cartes postales multi-vues qui va nous permettre de regarder et de comprendre une architecture qui n'est pas sans nous en rappeller beaucoup d'autres et notamment la Bulle six coques ou la cellule de Chanéac déposée au FRAC Centre.
La série de cartes postales nous place à Binz (Rügen) sur le bord de mer, en Allemagne donc. Toutes ces cartes sont du même éditeur Bild und Heimat mais pas du même photographe. Nous les nommerons au fur et à mesure. L'objet qui nous intéresse est une micro architecture, une petite chose légère dont le but est la surveillance des bains de mer. Il s'agit d'une œuvre de Ulrich Müther grand spécialiste des constructions de ce type dont nous avions partagé une autre architecture ici. On a déjà vu cette architecture de très près ici mais même si les photographies sont petites ici, c'est la série qui va nous permettre pourtant de bien en saisir la forme et la consception. Et puis, le scanner puissant nous donnera simplement l'illusion de nous promener sur la plage !
Il nous est difficile par contre d'affirmer qu'il s'agit là d'une seule et même construction. Vu la longueur de la plage on pourrait penser qu'il existait plusieurs vigies posées sur le sable. Sur Google Earth plus aucune trace... Et on verra rapidement des différences de couleurs qui me laissent croire à plusieurs exemplaires répartis sur la plage. La vocation étant la surveillance des bains cela est bien logique.
Regardons :


 Cette première carte postale nous permet déjà de localiser la vigie dans son décor. On la devine bien au pied des solides maisons et immeubles de la plage. La carte postale affiche à la fois la nature, le modernisme avec la maison de cure et donc notre vigie appelée Rettungsturm.
Regardons bien le détail :



On devine une vigie bien blanche, très propre alors que sur les autres vues de cette même carte postale, la vigie est bien plus sale ! Deux différentes ? Sans doute.





Il est aisé de saisir le choix de ce type de construction pour une surveillance. Larges baies vitrées sur les quatre côtés, surélévation permettant là aussi de mieux lire la mer et petite plate-forme dessous permettant l'accueil et le dépôt de matériel. Regardez bien la forme et la couleur des baies, vous verrez que cela est parfois différent. Les photographes pour cette carte postale sont Bachmann et Sabnitz.

Une autre ?































Ici pas de doute, il s'agit bien de la même vigie que la première, on reconnaît facilement sa localisation et sa blancheur. On retrouve même la bouée rouge vif accrochée au mât. Le photographe cette fois c'est Krüger.
Continuons avec cette même vigie ici :


On reconnaît la bouée rouge et la même porte en bois. On aimera le geste du sauveteur en mer qui surveille à la jumelle en maillot de bain les baigneurs. Là également, le photographe est Krüger.
Et pour finir cette visite de Binz :



















Il ne fait aucun doute cette fois qu'il s'agit bien là d'une autre vigie. La fermeture de la baie orientée sur le côté terre et les pans de couleur jaune vif permettent cette affirmation. Il y a bien eu une série de ces constructions réalisées par Ulrich Müther. On trouve facilement aujourd'hui sur le net des images actuelles de ces vigies. Peut-être voyagent-elles jusqu'à Piacé ?
Sur ce site, vous en verrez une en construction :
http://archimess.tumblr.com/post/78885717074/ulrich-müther-the-water-rescue-station-on-the







Ceci est une maquette

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Voici une carte postale de Royan qui offre par beaucoup d'approches, une définition juste de ce que la carte postale peut porter comme regard sur l'histoire de l'architecture.
Commençons.
Image :


Une fois encore, avec une très grande qualité photographique, cette carte postale des éditions La Cigogne nous donne à voir l'un des éléments phares de la reconstruction de Royan : sa maquette. Nous avons déjà beaucoup glosé sur celle-ci et sur son mode de représentation mais voici un point de vue encore inédit sur la manière dont la ville projetait son avenir. Il s'agit d'un point de vue sur le port et la jetée qui comporte dans sa masse une relative exactitude avec ce qui sera construit mais dont les détails révèlent bien des différences comme le casino à l'extrême-droite de l'image ou l'absence du Café des bains juste au-dessus. 




On devine pourtant parfaitement la résidence de Foncillon mais le Palais des Congrès ne semble pas très bien défini. À l'entrée du port, un sémaphore guide les bateaux, sémaphore dont on reparlera plus bas. Une fois encore, la photographie de la maquette se fait sur un fond noir égal, tendu, pour mieux donner à voir le projet d'urbanisme qui, lui, est d'une blancheur immaculée comme il se doit dans le mode de représentation de l'époque. Le dessin du port lui-même me semble un peu fantaisiste mais j'avoue moins connaître cette partie de la ville. Là aussi, le photographe choisit de faire une prise de vue comme s'il volait au-dessus de la ville, comme d'ailleurs en feront vraiment les pilotes de la ville une fois celle-ci construite. 
Au verso de la carte, on note un élément intéressant c'est le titre auquel est ajouté cette phrase : "Royan sera l'une des plus belles et luxueuses stations balnéaires."
Si cela est juste, on s'étonnera que le mot station soit employé au lieu de ville et que luxueux soit présent à la place de moderne. Car si Royan est moderne, peut-on dire qu'elle est luxueuse ? Cet argument est celui d'une ville voulant accentuer son côté balnéaire.
L'autre chose qui est vraiment surprenante c'est la date d'expédition : 30 juillet 1952. Cela est très tôt dans l'histoire du réveil de la ville qui est encore en chantier ce qui explique aussi le choix de la maquette comme image de la ville.
Mais voilà que pour une fois, en une phrase unique, la correspondance aussi est intéressante. Pourtant très courte, la phrase ne dit que "Ceci est une maquette" sans jugement, sans autre mode d'explication ni même d'autre notation du type météorologique. Le ceci me laisse à penser que Mimi avait peur d'une confusion et que la maquette apparaisse comme trop réelle pour son correspondant. Peut-être aussi, est-ce là une manière de mettre de la distance entre le projet, la proposition et la réalité à venir. Une forme de doute sur cet avenir. Qui sait ?
Mais voici une autre belle carte postale de Royan qui nous permettra de revenir sur un beau mais petit objet architectural.
Voyez :


Toujours chez La Cigogne éditeur, voici une vue étonnante du sémaphore et du bac qui entre au port. Certes, il y a peu d'architecture sur cette image, j'en conviens, mais c'est un bel objet, bien dessiné autant pour sa fonction que pour satisfaire à une modernité partout diffuse et que nous donne à voir la ville de Royan animée par les joies des allers-et-retours des navires. On devine une vie autour de cet objet dont je ne connais pas bien le fonctionnement ni le rôle. Mais tout dans son dessin me raconte que la plus belle ville du Monde est celle qui est capable même dans l'utilité de mettre de la beauté. Cette ville c'est Royan. Royan...
Pour revoir cet objet, retournez là :








Pour une réadaptation de Jean Prouvé

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Nous allons faire la visite d'un lieu aujourd'hui disparu mais qui comportait pourtant certains détails et certaines formes qui vont faire prendre des tours aux amateurs de design des années cinquante.
Nous serons à Nancy, très précisément au 35, rue Lionnois, dans le Centre de Réadaptation Fonctionnelle. Et que cela soit à Nancy n'est certainement pas pour rien dans ce qui va suivre.
D'abord le bâtiment :



La carte postale qui ne comporte aucun nom d'éditeur mais seulement celui de son photographe J. Scherbeck nous montre essentiellement une façade régulière mais perturbée au dernier étage par quatre petites arcatures, dernier étage proposant un garde-corps en béton alors que les étages inférieurs restent ouverts. On sent un jeu de panneaux posés sur la structure et peut-être même ici des coursives mais cela me semble tout de même un peu étroit. En tout cas, on aurait vite fait, puisque nous sommes à Nancy, de rêver à une façade entièrement équipée de panneaux aluminium de Jean Prouvé. J'avoue, depuis cette image, rester perplexe quand à l'identification de ceux-ci.



Les architectes de cet ensemble sont messieurs Roger Lamoise et Jean Bourgon mais cet ensemble n'est pas qu'une façade car il se déploie autour du retrait du bâtiment de l'alignement de la rue afin d'offrir une cour et de poser à l'angle de la rue, perpendiculairement à sa façade un autre bloc ouvert par une très grande baie. Au rez-de-chaussée, la hauteur sous plafond est bien plus grande et là aussi, la transparence totale est de mise. L'ensemble affiche donc une modernité tranquille mais belle, rigoureuse accentuée par l'étroitesse du bâtiment principal. Une sorte d'écran.
On pourrait déjà se réjouir de cet ensemble. Mais...
Si nous pouvions encore entrer à l'intérieur et aller dire bonjour à l'accueil, nous serions un peu comme des gamins à Noël dans le rayon des jouets :



Dans un superbe espace aux proportions élégantes que la percée vers l'étage intermédiaire rend encore plus spectaculaire, on assiste à la mise en scène habituelle du palmier obligatoire et du Philodendron si années cinquante. Mais oui, je sais bien que les amateurs de Jean Prouvé sont aux anges. Tout ce mobilier étant bien signé du "quincaillier de génie" comme le nommait Charlotte Perriand. Longues banquettes, fauteuils forment donc un espace d'attente parfait pour aujourd'hui un show-room vintage.





 Mais ici, ce sont bien les corps souffrants et douloureux qui attendaient là, dans le confort du dessin de Jean Prouvé de retrouver leur santé. Le fauteuil dans lequel ils posaient leur derrière est le modèle fauteuil Direction 352, pour la banquette et la table basse je n'ai pas retrouvé le nom exact du modèle.
Mais montons au hall du premier étage :



Oui... je sais... Calmez-vous, calmez-vous...
D'abord nous aimerons la très belle fresque sur le mur que malheureusement le cliché en noir et blanc de nous permet pas de juger correctement mais qui dans son dessin est bien caractéristique de l'intégration des Arts de l'époque. Malheureusement, nous n'avons pas le nom de l'artiste ayant réalisé ce beau morceau. Il devait être bien agréable de lire son Paris-Match dans cette paire de chaises du modèle Antony ici recouvertes de skaï.






On retrouve également la table basse ronde mais ici, curieusement le plateau est en verre. On pourrait aussi se poser la question pour les deux portes à hublot mais là, je crois bien qu'il ne s'agit pas de modèle de Jean Prouvé.
Une partie de ping-pong ?



Nous voici ici dans le foyer et la salle à manger. Là encore regardez bien le mobilier...
Nous avons ici un concentré de l'œuvre de Jean Prouvé avec tables, chaises, fauteuils. On aimera tout particulièrement les petites tables carrées au plateau blanc.




On pouvait donc dans ce très bel espace, très ouvert, très lumineux, faire une partie de baby-foot ou de ping-pong et se reposer sur du beau mobilier.
Car, ne l'oublions pas, le mobilier de Jean Prouvé avait cette vocation populaire, il était fait ainsi pour les collectivités, pour le grand nombre, bref ce mobilier était fait pour tout le monde. Aujourd'hui l'erreur fatale de la réédition de ce mobilier par Vitra interdit littéralement à sa forme de rejoindre sa fonction.  À 600 euros la chaise, on rêve que les droits d'éditions de ce mobilier, dans le vrai esprit de Jean Prouvé, soient cédés à But ou Conforama qui auraient bien mieux, en grand nombre, diffusé cet esprit. Je me souviens avoir bien rigolé à la dernière FIAC de voir que la chaise de Jean Prouvé était devenu un meuble obligatoire aux galeristes comme preuve de leur modernité.
Brisons donc bien vite cette idôlatrie à la mode qui ne répond pas à l'intelligence du créateur. Vivement, en grand nombre, par milliers même, de belles copies chinoises ou italiennes pour meubler nos intérieurs.
S'il faut aujourd'hui une réadaptation c'est bien celle de l'esprit d'un créateur au mode de diffusion de sa création.
Pardon.

Vous pouvez relire l'ensemble des articles sur Jean Prouvé ici :
http://archipostcard.blogspot.fr/search/label/Jean%20Prouvé
ou ici :
http://archipostalecarte.blogspot.fr/search/label/Jean%20Prouvé

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