L'année dernière, je passais l'été dans la lecture passionnante de Reconstruction-Déconstruction de Bruno Vayssière, livre important et fondateur d'une pensée sur l'architecture du M.R.U.
Je pourrais dire que cette année, d'une certaine manière je vais faire exactement le contraire !
J'ai en effet reçu hier de la part de Raphaëlle Saint Pierre son auteur, son nouvel opus : Villas 60-70 en France.
Entre l'expérience individuelle et individualiste de la construction d'une villa et le programme planifié du logement social, il y a bien un espace de pensée bien différent...
Mais on verra que les acteurs des uns sont aussi les acteurs des autres et que d'ailleurs les mimiques de pensées, les réflexions spatiales, les objectifs d'images et aussi les positions radicales trouvent pourtant si j'ose dire un terrain commun !
Quel livre passionnant !
D'abord l'objet éditorial est d'une très grande qualité par le foisonnement de l'iconographie originale parfaitement reproduite. On s'entend pousser des oh et des ah de surprise devant tant d'exemples inconnus, tant de découvertes ou depuis des points de vue intérieurs totalement inédits. On visite les villas, on y entre comme des invités privilégiés et le texte de Raphaëlle Saint Pierre nous permet de faire une visite parfaitement en accord avec l'objet architectural.
Le champ exploré par l'auteur est vaste et glouton. Toutes les expériences, toutes les voies sont explorées de la fin d'un modernisme un peu essoufflé aux délires hippies de l'auto-construction. On voit comment les grands noms de l'architecture réalisent ici leurs fantasmes soit pour eux soit pour des commanditaires souvent aisés il est vrai. Mais il y a aussi des objets modestes, humbles, réalisés par défi, par amitié avec les propriétaires qui acceptent ainsi de suivre les plis et les méandres des expériences les plus absolues... jusqu'à parfois refuser finalement la construction. On retrouve donc ici tous nos architectes préférés : Claude Parent (oui !), Marcel Lods, Paul Chemetov, Oscar Niemeyer, Pierre Szekely ou encore Pascal Haüsermann. Mais on découvre aussi des architectes moins connus à votre serviteur ou des réalisations plus secrètes d'architectes bien connus.
Bref, au delà de ce qui pourrait être une leçon d'architecture, Raphaëlle Saint Pierre nous offre surtout un panorama sérieux du point de vue de l'analyse historique mais également joyeux, heureux dont on partage son envie et ses propres plaisirs. Il ne s'agit pas d'un livre militant mais bien d'une forme de générosité à donner à voir et connaître la très grande richesse de ce type de construction dans cette période.
Le regard de Dominique Amouroux dont nous apprécions tant ici le travail vient en quelque sorte se poser comme un garant dans une préface amusée qui replace le travail de Raphaëlle Saint Pierre dans l'époque.
Il s'agit, vous l'aurez compris, pour tous ceux qui comme nous, nous intéressons à cette période architecturale d'un livre simplement indispensable.
L'architecture du livre propose d'abord une approche historique générale en traversant les grands thèmes comme la modernité, la poétique des formes, la pensée écologique. Puis une très belle chronologie, nous donne à voir une petite quarantaine d'exemples tous détaillés, illustrés, analysés !
Je vais vous en montrer quelques extraits bien plus pour vous donner l'envie à votre tour de lire cet ouvrage qui, à cette période de l'année, est parfait pour former des rêves d'un ailleurs...
Ne me reste qu'à remercier Raphaëlle Saint Pierre et les éditions Norma pour cet envoi, belle surprise de cet été et n'oublions pas que l'auteur avait déjà réalisé Villa 50 en France chez le même éditeur. Il semble qu'il y ait ici, en quelque sorte, une œuvre qui se construise.
Villa en France 60-70
Raphaëlle Saint Pierre
Préface de Dominique Amouroux
NORMA éditions
isbn 978-2-9155-4242-4
65euros, achetez-le, offrez-le...
André Bruyère, Lourmarin, 1973-74 |
Pierre Szekely et Henri Mouette, ADAGP. |
Pernette Perriand et Jean-Louis Lotiron, Caravane Fleur. |
Steve Baer, Maison en zomes, 1967. |
On retrouve aussi le Grand Reiser qui nous avait bien régalé ici d'un beau dessin sur les bunkers !
Henri Delekta et Jean Daladier, 1969-70 |
Une grande découverte déjà évoquée par Sylvain Bonniol : George Adilon. |
Monsieur Parent et la somptueuse Villa dans l'Eure, un rêve... |