D'abord je remercie mon ami David Michael Clarke de m'avoir alerté.
On le sait notre Patrimoine architectural moderne et contemporain est menacé. Il l'est d'autant plus qu'il concerne des constructions modestes, de peu, des petites choses perdues qui n'ont pas eu la chance d'avoir comme créateur des grands noms évocateurs d'histoire de l'architecture. Et encore... On connaît des œuvres de Jean Prouvé qui, bien que classées, pourrissent lentement... (Ermont)
Il est alors devenu presque naturel aujourd'hui lorsqu'une œuvre de ce type est détruite de voir se mettre en route le travail mesquin de la Mémoire comme consolation à l'inertie des pouvoirs publics et privés et même à leur complicité.
C'est le cas ici :
Nous sommes devant la Cité des chênes à Morcenx dans les Landes, Cité dite "des maisons rondes".
La carte postale des éditions Lapie expédiée en 1963 ne nous donne pas le nom de l'architecte mais il n'est pas difficile tout de même de se réjouir de ce type de construction et de son originalité. Au moins, c'est déjà ça. Certes, il n'est pas question ici de crier au génie architectural de cette Cité des chênes, ni même de croire que ces maisons seraient des éléments historiques de premier ordre mais il est tout de même intéressant de se poser les questions de leur fondement, du sens de leur architecture, de la particularité de leur plan, bref de l'histoire de cette particularité et originalité qui, avouons-le, ne débordent pas outre mesure à Morcenx...
Comment peut-on devant un ensemble aussi bien constitué, aussi étrange même, aussi unique en France ne pas se poser la question de leur pérennité ou du moins de leur maintien dans le paysage et donc dans notre histoire ? À l'heure de la peste pavillonnaire qui envahit nos paysages en France sous le lobby des lotisseurs soutenus par les mairies friandes de jeunes couples avec enfants venant remplir les écoles, il pourrait tout de même y avoir là une réponse historique, une culture architecturale à préserver pour évoquer d'autres modèles, d'autres styles et d'autres politiques du logement...
Et non...
Alors on émet les regrets, on fait semblant d'être sensible pour ne pas dire la vérité. Celle d'un profond désintérêt camouflé en démagogie culturelle, celle d'un promoteur louchant sur les terrains. Oh mais rassurez-vous, on gardera les histoires, on enregistrera les paroles, on fera une œuvre contemporaine avec une artiste qui sera toute contente de dire, sur le cadavre, qu'elle a produit une œuvre pour dire combien on regrette l'arrivée des pelleteuses, on versera la larme démagogique puissante, celle qui rince l'histoire au profit du... profit.
Pourquoi ne pas réhabiliter ? Pourquoi ne pas assumer l'héritage ? Pourquoi ?
On a les réponses, toujours les mêmes : le coût. Ce coût que personne ne veut prendre en charge simplement parce que, voyez-vous, il est l'excuse première, rapide, simple et imparable. Pourtant il existe des intelligences et des procédés pour restaurer, réhabiliter, inventer même des transformations mais il faut chercher, éduquer, prendre du temps que personne ne veut avoir simplement parce que, comme d'HABITUDE, il faut faire vite pour remplacer des années d'inactions et de prévoyance sur des bâtiments que l'on n'a pas su regarder, aimer et penser comme des agents patrimoniaux.
Lisez donc cet article et voyez comme vous pourrez remplacer Morcenx par n'importe quelle ville, la Cité des chênes par n'importe quelle autre cité et le nom de l'artiste contemporaine par n'importe quel autre. C'est sidérant les arguments.
http://www.sudouest.fr/2016/03/28/elles-ne-tour-naient-plus-rondtable-rase-d-un-passe-morcenaispour-conserver-la-memoire-du-lieu-2314641-3452.php
Alors il n'y a rien à faire. La DRAC de la Région Aquitaine n'aura rien tenté ? Monsieur Xavier Arnold vous êtes là ? Comme pour le club de voile de Pauillac....? Les maisons rondes ne sont même pas dans la Base Mérimée...
Le maire est tout triste, oh mince...
L'artiste est à l'écoute oh c'est gentil...
Et le promoteur et le lotisseur sont à l'affût....
Cela va de soi. Dormez tranquillement.
Le trio est en place pour l'avenir du Patrimoine architectural moderne et contemporain en France.