Il existe dans la capitale un lieu qui concentre à lui seul tous mes désirs d'espaces, tous mes brutalismes chatoyants, toutes mes images urbaines.
Ce lieu est celui-ci :
D'abord, par ordre historique le très beau Palais Omnisport de Messieurs Andrault et Parat dont un Vauban engazonné aurait pu chanter les louanges de son génie constructif, de son volume aveuglé, de sa robustesse tranquille.
Lui faisant face, l'œuvre majeure de Monsieur Chemetov, celle qui me le fit aimer : le Ministère des Finances. Le mur part de la ville, se jette comme un suicidé en attente dans la Seine. Puissant lui aussi comme une fortification, disant sans retour le sérieux de la fonction qui ne l'agite pas, ce bâtiment est d'une richesse formelle absolument superbe.
Ici, on ne fait pas joujou avec des machins, des bidules, du design.
Ici on construit.
Et Paris sait faire ainsi se regarder deux constructions, deux fonctions. Et le piéton face à ces formes et ces espaces sait bien que l'architecture prend son corps. Que, dans la cacophonie de la ville, collage parfois misérable mais précieux, il est nécessaire que la Force parle.
Que les volumes lui interdisent le confus et lui donnent en place et lieu, la construction.
Je chanterai toujours cette dureté qui fait exister, celle qui dit mon effort à saisir le monde.
Ce monde est un dessin né d'une pensée.
J'irai souvent à Bercy.
J'irai souvent vous voir.
J'aimerais savoir comment au sens propre comme au sens figuré ces deux architectures ont appris à dialoguer. Est-ce l'indifférence de l'un à l'autre qui fait l'intérêt de leur monologue ?
La carte postale est une édition Chantal. la photographie est du service photo du Minitère de l'Economie et des Finances et du Budget et elle est datée de 1989.
Elle nomme bien Paul Chemetov et B. Huidobro comme architectes mais ne nomme pas Messieurs Andrault et Parat pour le Palais Omnisport de Bercy.
Et si vous voulez savoir comment on tond la pelouse sur une fonction oblique...