Nous avons aimé ce type de construction que sont les baraquements Fillod il y a peu.
Nous allons voir comment ce type peut dans un paysage faire architecture :
Nous sommes à Flaine, au refuge des Gérats sur le flan de la montagne ici très rocailleuse. On y voit donc une succession incroyable de bâtiments de Fernand Fillod posés tous dans le même sens, s'opposant à la pente et offrant des couleurs différentes. Puis, un peu en retrait, une autre construction du même constructeur mais d'une volumétrie plus imposante encore est posée sur un socle qui semble de béton.
Il faut le dire de suite, je trouve cette installation superbe !
J'aime la très grande longueur des Fillod qui s'étirent sur la pente, comment ils sont concentrés en emmarchement, comment leurs couleurs s'opposent avec vigueur au paysage. Ne me demandez pas quel rôle ils devaient jouer, à qui ils étaient adressés, le nom de refuge me semble un rien usurpé pour l'usage habituel de ce mot. Mais...je ne sais pas... Est-ce un lieu d'hébergement pour les ouvriers du chantier de Flaine ?
On remarque qu'ils sont tous posés sur une estrade de béton qui parfois élève la construction au point que la porte de sortie de secours est trop haute pour l'emprunter l'été, l'hiver, la neige doit offrir une marche acceptable. Les couleurs ont sûrement aussi un rôle de reconnaissance et peut-être d'attribution en affichant ainsi les spécificités de ce qu'elles désignent ou permettent simplement de se repérer.
"untel est dans le rouge, toi, tu dors dans le gris."
On imagine peut-être à tort que l'été ils devaient devenir des fours et l'hiver...des frigos ! Comment étaient-ils aménagés pour soutenir les amplitudes thermiques de la montagne ?
Mais que cet ensemble est beau, offrant une solidité, une fermeté et une radicalité sans fard face au paysage. Comment ne pas être sensible à la lecture de leur état éphémère qui ajoute encore, face à leur nombre et à leur taille, un contraste saisissant ? Il y a là un atterrissage implacable comme une station spatiale montée rapidement sur la surface lunaire ou martienne. J'imagine aussi le balais des camions apportant les éléments métalliques, le montage rapide, le surgissement soudain d'un village de tôle sur les flans libres de la montagne. J'imagine aussi, comment chacun, dans ces espaces égaux, devait personnaliser son lieux, son "baraquement" et que certains devaient préférer être dans celui au bord de la route ou d'autres, au contraire, préférés être tout en haut, ouvrant la fenêtre sur la prairie. Et comment la neige généreuse ne devait laisser déborder de sa blancheur que la couleur en traits francs des bâtiments.
Tout cela, je crois, a disparu.
La carte postale nous permet donc de tenir dans le paysage le surgissement d'une petite communauté abritée dans un village de tôle. Marcel Breuer l'a-t-il lui aussi aimé et utilisé ?
Remercions les éditions Cellard d'y avoir vu un moment architectural nécessaire à diffuser, à préserver.
Nous allons voir comment ce type peut dans un paysage faire architecture :
Nous sommes à Flaine, au refuge des Gérats sur le flan de la montagne ici très rocailleuse. On y voit donc une succession incroyable de bâtiments de Fernand Fillod posés tous dans le même sens, s'opposant à la pente et offrant des couleurs différentes. Puis, un peu en retrait, une autre construction du même constructeur mais d'une volumétrie plus imposante encore est posée sur un socle qui semble de béton.
Il faut le dire de suite, je trouve cette installation superbe !
J'aime la très grande longueur des Fillod qui s'étirent sur la pente, comment ils sont concentrés en emmarchement, comment leurs couleurs s'opposent avec vigueur au paysage. Ne me demandez pas quel rôle ils devaient jouer, à qui ils étaient adressés, le nom de refuge me semble un rien usurpé pour l'usage habituel de ce mot. Mais...je ne sais pas... Est-ce un lieu d'hébergement pour les ouvriers du chantier de Flaine ?
On remarque qu'ils sont tous posés sur une estrade de béton qui parfois élève la construction au point que la porte de sortie de secours est trop haute pour l'emprunter l'été, l'hiver, la neige doit offrir une marche acceptable. Les couleurs ont sûrement aussi un rôle de reconnaissance et peut-être d'attribution en affichant ainsi les spécificités de ce qu'elles désignent ou permettent simplement de se repérer.
"untel est dans le rouge, toi, tu dors dans le gris."
On imagine peut-être à tort que l'été ils devaient devenir des fours et l'hiver...des frigos ! Comment étaient-ils aménagés pour soutenir les amplitudes thermiques de la montagne ?
Mais que cet ensemble est beau, offrant une solidité, une fermeté et une radicalité sans fard face au paysage. Comment ne pas être sensible à la lecture de leur état éphémère qui ajoute encore, face à leur nombre et à leur taille, un contraste saisissant ? Il y a là un atterrissage implacable comme une station spatiale montée rapidement sur la surface lunaire ou martienne. J'imagine aussi le balais des camions apportant les éléments métalliques, le montage rapide, le surgissement soudain d'un village de tôle sur les flans libres de la montagne. J'imagine aussi, comment chacun, dans ces espaces égaux, devait personnaliser son lieux, son "baraquement" et que certains devaient préférer être dans celui au bord de la route ou d'autres, au contraire, préférés être tout en haut, ouvrant la fenêtre sur la prairie. Et comment la neige généreuse ne devait laisser déborder de sa blancheur que la couleur en traits francs des bâtiments.
Tout cela, je crois, a disparu.
La carte postale nous permet donc de tenir dans le paysage le surgissement d'une petite communauté abritée dans un village de tôle. Marcel Breuer l'a-t-il lui aussi aimé et utilisé ?
Remercions les éditions Cellard d'y avoir vu un moment architectural nécessaire à diffuser, à préserver.