Cela m'a sidéré.
Comme d'habitude, je tire le fil des informations disponibles sur une carte postale et cette fois c'est une carte assez typique d'un immeuble que je tente de décrypter. Bref, une journée comme une autre. Nous sommes à Tourcoing, devant la Résidence du Parc grâce à une édition Cap non datée. Il arrive que les éditeurs nomment l'architecte et ce matin, je lis donc le nom de G. Lapchin que j'avoue ne pas connaître et c'est tant mieux, j'aime apprendre.
Alors il est aisé de partir de ce nom et de lancer une recherche*. C'est bien là que ma sidération arrive car il est aisé de trouver ce nom d'architecte qui appartient à une dynastie toujours active puisque l'Agence Lapchin existe encore. Mais ma sidération vient du nombre de logements qui sont attribués à Guy Lapchin : 10 000.
10 000 logements !
Et immédiatement se pose la question de la relativité de l'histoire de l'architecture et du logement collectif. Devant un tel chiffre, une telle ampleur comment se fait-il que ce nom je ne le rencontre que maintenant ? Comment expliquer qu'une telle responsabilité ne laisse que si peu de traces dans les débats sur l'histoire du Hard French. 10 000 logements ! Combien cela fait-il de familles, de gens ayant croisé les espaces et l'architecture de Guy Lapchin ?
Et comment en construire ou pas un impact dans cette histoire ? Comment en déterminer l'importance patrimoniale ?
La carte postale Cap de cette résidence laisse peu d'impressions originales ou particulière. Une barre à la façade bien dessinée dans l'esprit du Mouvement Moderne, à la grille réglée offrant variations tranquilles, lignes simples mais bien tenues. Rien d'extravagant, rien qu'on ne remarque mais rien non plus de honteux ou de triste. Une barre installée dans son parc, c'est comme ça que l'on dit quand il s'agit d'une "résidence". Le cygne est même dans le bassin donnant immédiatement un chic à l'ensemble. Le photographe place d'ailleurs la barre comme perdue dans la végétation et la leçon de Poussin est lisible. Les branches d'un arbre viendront offrir la vision bucolique d'une modernité perdue dans la verdure.
La vue sur Google nous permet de remettre une échelle sur cette barre et là ! C'est incroyable ! Elle est bien plus intéressante dans son écriture que ne laisse croire la carte postale et son implantation est sidérante. Malheureusement on ne peut pas voir la façade prise sur la carte postale, le parc agissant comme un tampon à la Google Car. Mais quel bel objet ! La façade sur la rue offre bien une écriture remarquable avec des coursives et une alternance de cages d'escaliers offrant des verticalités dans cette longueur infinie ! L'écriture de cette barre vient en total contraste avec le reste de la ville. Au vue du dessin et du luxe du Parc, il ne s'agit certainement pas d'une barre de Hard French banale. Le mot "résidence" aurait du m'alerter...
Voilà une belle découverte et nul doute, qu'au vu de la production de Guy Lapchin, nous le retrouverons en cartes postales un jour. On l'espère en tout cas !
*Comme ici, on nomme ses sources, je remercie le site PSS pour m'avoir orienté.